Années 20, 1920…
Nous sommes dans les années 20. Le canon s’est tu depuis deux ans, depuis cette fameuse guerre qui ne devait pas durer. Certains soldats sont revenus, ont retrouvé leur femme et leur foyer tel le narrateur, même si c’est amputé d’une main. Emile Joplain (on reconnaît bien à ce nom de personnage, le Gilles Marchand, musicien), lui, n’est pas rentré. Sa mère est pourtant persuadée qu’il est toujours en vie. Elle charge le narrateur, notre héros, de le retrouver. C’est ainsi que nous le suivons sur les traces de cet Emile et de son grand amour Lucie qui avait eu le malheur de naître en Alsace, allemande depuis 1870, et d’être d’extraction modeste.
Le lire en apnée…
Vous en dire plus serait « divulgâcher », l’important dans ce roman est de s’y plonger et de le lire en apnée, mais en ouvrant grand les yeux et les oreilles. Car il faut l’écouter, peut-être même parfois le lire à haute voix pour goûter totalement son rythme poétique, s’imprégner de ses mots et se laisser porter par sa musique.
« En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. Ça swinguait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça électroménageait, ça mistinguait. L’art déco flamboyait, Paris s’amusait et s’insouciait. Coco chanelait, André bretonnait, Maurice chevaliait »,
La plume est légère…
La plume est légère qui pourtant parle d’horreurs, le roman parfaitement documenté qui laisse aussi la place à ces minorités aidantes que furent les amérindiens. Et, comme toujours dans les romans de l’auteur, il est des anecdotes d’apparence incongrue et qui pourtant traduisent parfaitement toute l’idiotie du monde . Là il est question de cinq moustaches
« – Oui, des moustaches. Sans les hommes. C’est rare, mais ça arrive. »,
ou d’une « fille de la lune » qui hante les champs de bataille. Comme toujours aussi dans ses romans, l’on retrouve les titres des précédents, un personnage récurrent, comme des liens, une suite, la constitution d’une œuvre.
L’auteur nous dit toute l’horreur de la guerre, sa bêtise, celle des hommes et la souffrance de ceux qui combattent. Le texte est pourtant empli d’humanité et ce qui reste au bout du compte, au-delà de la guerre, celle qui devait être la « der » et ne le sera pas, c’est l’amour fou d’un homme et d’une femme. Un amour qui fait fi des conditions sociales et de tout le reste.
Editeur : Aux Forges de Vulcain
Date de sortie : 19 Août 2022
Nombre de pages : 207
Eh bien, tu es une vraie fan ! Je n’ai lu que le premier, avec plaisir.
Oui, difficile de le cacher 😉
Une chronique pleine d’enthousiasme! Il est vrai que la plume et l’esprit de liberté en écriture conjuguée à une écoute du monde font merveille chez Gilles Marchand.
Une vraie découverte de cet auteur, quel beau texte, poétique, drôle et pourtant terrible
On cherche avec lui cet émile
Nous sommes totalement d’accord. Et tous ses romans ont cette force poétique.