Lecture addictive…

Lecture addictive, disais-je, de son précédent et si je ne me retenais – je ne sais si l’enseignante de lettres qu’est l’auteure apprécierait une telle répétition – je pourrais réitérer. Pourquoi ses récits possèdent-ils cette force qui pousse à aller de l’avant ? Certes il y a l’écriture, belle, élégante, recherchée et travaillée toute en délicatesse. Elle est fluide, tantôt lente et détaillée, tantôt chantante et vive. Certes il y a le rythme, plutôt musical, parfois syncopé, qui accompagne parfaitement les sentiments évoqués par les personnages. On ressent tout à la fois, la tristesse, la joie, la peur, les regrets, les espoirs, toute une palette d’émotions décrites avec une grande justesse. Justement, les personnages… Qu’ils soient principaux ou secondaires, ils sont peints par le menu. On sait tout de ce qu’ils sont, aiment ou détestent, dévoilent des points forts et des points faibles et des plus désagréables d’entre eux émane parfois une petite lumière. Et puis il y a la construction, parfaite, qui sait ménager les effets jusqu’à une fin que je ne dévoilerai naturellement pas…

Et bien sûr, il y a l’histoire. Et Bénédicte Rousset est une véritable conteuse qui nous entraîne avec bonheur à la suite de Naïs, femme rêveuse, peu heureuse dans sa vie de couple, avec Philippe, un mari sans grande envergure mais quelque peu « macho ». Une femme qui a renoncé à son amour pour l’Art. Mais voilà qu’un grand collectionneur prête ses œuvres à un musée proche de chez elle. Elle se rend à l’exposition et tombe en arrêt devant un tableau « Le portrait d’Humphrey Back », signé « Le Saint », un artiste que personne n’a jamais rencontré. Subjuguée, elle revient chaque jour l’admirer. Le collectionneur, seul et très malade, témoin de cet passion pour cette œuvre décide de lui en faire don. C’est une histoire d’amour, d’amour de l’art. Et c’est là tout le sel du roman…le don surnaturel d’un tableau, tableau aussi mystérieux que ne l’est son auteur, qui interroge sur la vie, les sentiments, les chemins à prendre. Et le chemin à prendre par Naïs ne sera pas sans embûches.

Un roman noir et lumineux à la fois, un roman aussi beau et artistique que l’œuvre imaginaire, « Le Portrait d’Humphrey Back », qui l’a inspiré. 

Editeur : La Trace
Date de Parution : 13 Juin 2023
Nombre de pages : 249

Un grand merci à l’auteure et aux Editions La Trace pour cette lecture en avant-première, véritable plaisir.