Comme quoi, les préjugés !

Et pourtant j’ai longuement hésité à accepter de recevoir son livre. Je ne connaissais pas l’auteure et il était auto-édité. Comme quoi, les préjugés ! Et puis j’ai accepté, et puis j’ai lu les premières lignes « Je voudrais dormir dans des draps rêches, sans conditionnel. Je veux être hideuse, défigurée, avoir les cheveux sales, que personne n’ose m’approcher. Je veux me faire vomir, dormir mille ans. » Et puis je ne me suis pas arrêtée. L’histoire de Billie, enseignante, venue se réfugier dans une maison à l’écart de tout, nichée dans les montagnes au cœur du Vercors m’a bouleversée. Les personnages principaux, Billie, naturellement, mais aussi Ava, une ado qui prépare son bac par l’intermédiaire du Centre National de l’Enseignement à Distance (CNED) parce qu’elle souffre de phobie scolaire, et Claude, le facteur, peu bavard mais « siffloteur » sont incroyables de justesse et terriblement attachants.

Une palette d’écriture très étendue.

La palette de l’écriture est très étendue entre « smartitude » et presque « trashitude » parfois. Elle est vive et percutante, et sait se faire poétique et tendre. L’auteure réussit parfaitement à se mettre dans la peau d’une adolescente écorchée vive. Elle utilise à merveille les expressions actuelles et – c’est un tour de force – plutôt que de m’agacer est parvenue à me faire rire. Car le rire est là qui équilibre des douleurs incommensurables, cachées au plus profond. Billie, Ava et Claude se sont bien trouvés qui souffrent, chacun à leur façon, d’une blessure enfouie. C’est un roman d’une force énorme qui traite du deuil et de la renaissance, qui raconte comment on parvient à surmonter ses souffrances, à les dompter, les apprivoiser. Et la montagne est là qui accueille, protège, entoure.

Un roman que j’ai trouvé magnifique et que je pourrais classer, malgré la souffrance qu’il raconte, parmi les « livres qui font du bien ».

Je remercie chaleureusement Jennifer Miramont d’avoir eu la bonne idée de me proposer la lecture de son roman.