Petits récits délicats.

Il l’explique dans le prologue « J’ai vécu des mois avec ces personnes…J’ai écrit leur histoire pour ne pas les quitter…J’ai écrit leurs histoires en bousculant le réel avec délicatesse pour ne jamais trahir leurs convictions. » Et de la délicatesse, dans ces petits récits, il y en a. L’écriture est simple mais belle, les personnages sont décrits avec une infinie douceur et leurs vies, leurs combats, leurs désillusions, toujours traités avec un grand respect.

Des récits coloriés en gris.

Rien n’est gai dans ces histoires, tout ce qui est raconté est plutôt dilué dans un camaïeu de gris qui souligne la précarité, les difficultés au travail, les pressions de la hiérarchie, voire les pratiques peu orthodoxes destinées à surveiller les employés, les chronométrer, les fouiller, les humilier. Tout est regrets, désirs d’autres chose, d’un nouveau départ. L’auteur a su écouter avec bienveillance ces hommes et ces femmes, tristes, épuisés, croulant, pour certains, sous les dettes, avides de changement, d’un monde meilleur.

Il y a Sylvie, les gilets jaunes, Marc et les autres.

A travers Sylvie, la marchande de journaux dont les clients se font de plus en plus rares, les Gilets jaunes sur le rond-point, Soazig, femme de marin, et son déni de grossesse, Marc serveur et sa femme Perrine qui travaille en CDD pour une marque de robes de mariée, Sidonie, costumière pour le théâtre, qui n’en vit plus et se trouve prise dans les filets de l’illégalité pour avoir usé de stratagèmes, Florian et les sirènes du Rassemblement National et Antoine, celles de la CGT, l’auteur nous dresse le portrait d’une société sans espoir et c’est très émouvant.

Un ouvrage plein de désespoir et en même temps de désir de s’en sortir. Frédéric Brunnquell fait preuve d’un immense talent pour nous raconter ces vies cabossées. J’ai aimé.