Elles sont qualifiées d’hystériques et enfermées à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière où officie un chef de service, neurologue particulièrement reconnu, le Professeur Charcot, roi de l’hypnose. Nous sommes alors au XIXème siècle… Et c’est ce dont nous parle Victoria Mas dans son premier roman « Le bal des folles ».
« L’enfer, c’est les autres », d’après Sartre, de la même manière on peut se poser la question de savoir de quel côté se trouve la folie. C’est en tous les cas ce que va se demander Geneviève, infirmière auprès de ces aliénées, après avoir côtoyé Eugénie Cléry, hospitalisée à la demande de son père parce qu’elle pouvait entrer en relation avec les morts. « Oui, il ne faut pas avoir de convictions : il faut pouvoir douter, de tout, des choses, de soi-même. » C’est ce qu’elle écrit après avoir à son tour été reléguée au rang des malades qu’elle soignait pour avoir failli.
Ce roman est intéressant par ce qu’il raconte de la société patriarcale, de l’emprise des hommes sur les femmes. Même si elles semblent en retirer un certain plaisir, imaginer que l’on puisse jeter en pâture ces femmes vulnérables à la face des bourgeois bien-pensants venus là comme au cirque est absolument hallucinant. Intéressant aussi par ce qu’il nous apprend de la neurologie, du traitement des pathologies mentales et des pratiques de l’époque, le début de la psychiatrie en quelque sorte.
Il nous permet, aussi, de constater les énormes progrès accomplis depuis en la matière.
Pour autant, même si j’ai lu ce roman rapidement et avec un certain plaisir eu égard à la tension constante mise en scène par la romancière, même si j’ai aimé l’écriture à la fois simple et élégante, même si les personnages de femmes sont attachants de par leur fragilité, il m’a manqué une certaine profondeur dans l’analyse.
Editeur : Albin Michel
Date de Parution : 21 Août 2019
Nombre de pages : 256
Ce livre a été lu dans le cadre de la sélection de l’association « Les 68 Premières Fois » – Rentrée littéraire 2019.