Delta de l’Ebre, années 30…

Avec l’Espagne et, plus précisément, le delta de l’Ebre pour décor, l’auteure nous raconte l’histoire de Toya, jeune fille un peu sauvage élevée avec amour par son père Juan et sa mère Pilar. Juan travaille dur avec ses comparses dans les rizières et Pilar à la cuisine de cette horrible marquise propriétaire des lieux. Horrible marquise et horrible Carlos, son fils, un vrai méchant. Nous sommes dans les années 30, époque où s’affrontent nationalistes et républicains et où les paysans vont petit à petit se révolter face au sort qui leur est réservé.

L’intérêt de ce roman est multiple, porté par une magnifique écriture qui dit avec des mots simples, la mort, l’amour, mais aussi la faune et la flore à la présence lumineuse. Oui, l’écriture est superbe, d’une grande simplicité qui confine à la classe

« A mesure que Toya distingue le mur de pierres sèches, l’aube berce le delta, c’est soyeux – du duvet, avec quelques effilochés de nuages. »

Ecriture magique…

C’est elle qui porte ce roman que je qualifierais de magique. La magie est entretenue par les nombreuses expressions espagnoles qui parsèment le récit, le font chanter, ajoute au mystérieux. Réussie est aussi la construction qui du passé s’en revient au présent pour mieux raconter les affres d’avant, expliquer l’histoire, les haines, les horreurs et aussi apaiser dans la vérité.

Impossible de ne pas s’attacher aux personnages et en particulier à Toya, émouvante dans son désir d’indépendance, émouvante dans son besoin d’amour, dans ses faiblesses et ses forces. J’ai beaucoup aimé également Horacio, beau portrait d’homme réalisé par l’auteure.

« L’autre moitié du monde » où comment faire d’une réalité historique un récit poignant, au souffle romanesque puissant, aux personnages attachants, d’une force considérable. J’ai beaucoup, beaucoup aimé.

Editeur : Editions du Sonneur
Date de Parution : 20 Janiver 2022
Nombre de pages : 252

Roman éligible pour le Prix Orange du Livre 2022, lu en qualité de membre du jury.