S’il n’avait pas été sélectionné par l’association « Les 68 Premières fois », il m’aurait de toute façon attirée sur l’étagère d’une librairie. Il avait tout pour me plaire : son titre, pour le moins mystérieux « L’appel », un appel vers qui ? vers quoi ? Sa couverture, un paysage à l’envers, étonnante et énigmatique.

Et je l’ai adoré, ce premier roman de Fanny Wallendorf. Pourtant, le début fut difficile.

Pour moi qui aime entrer dans un roman vierge de toute information, qui ne lis pas la quatrième de couverture avant de l’avoir terminé, le préambule de l’auteure expliquant l’origine du récit fut particulièrement gênant. J’eus préféré découvrir moi-même l’histoire de Richard, jeune Américain, passionné d’athlétisme et plus particulièrement de saut en hauteur. Je n’en dirai pas davantage, préférant vous laisser découvrir par vous-même son parcours époustouflant. J’ai donc abordé « L’appel », sans surprise et dans l’attente du phénomène annoncé…

Le début me fut difficile, je l’ai dit, toujours à guetter un changement dans le parcours du héros.

J’ai trouvé long les premières descriptions de ses entraînements et même parfois redondantes. Et puis, j’ai tout oublié et me suis retrouvée aux côtés de ce jeune athlète, moyen en terme de performance, au physique banal et même plutôt « gringalet », mais que la passion amène à se surpasser. Je me suis laissée totalement emportée. Ce n’est pas seulement le journal d’un sportif que nous livre l’auteure, c’est sa réflexion, la parfaite harmonie qu’il met en place, qu’il travaille sans relâche, entre le corps et l’esprit. Richard « visualise » ses courses et son saut final. Fanny Wallendorf nous décrit parfaitement ce jeune qui, loin des sportifs habituels, n’est dans la compétition qu’avec lui-même. Sa quête de perfection se fait en toute humilité. L’écriture, très belle, simple et fluide est surtout efficace. Nous suivons les progrès et finalement les prouesses du jeune athlète grâce aux mots et au rythme que l’auteur donne à ses phrases jusqu’à l’apothéose des dernières pages.

Si au départ la comparaison – que pourtant je n’aime pas faire habituellement – avec le roman de Jean Hatzfeld « Deux mètres dix » qui racontait aussi le parcours de deux sauteuses, fut à l’avantage de ce dernier, j’ai vite reconnu les qualités de « L’appel ». Ses potentiels défauts se sont effacés au fur et à mesure de la lecture vite addictive, palpitante, passionnante. Oubliées les pages en trop – j’ai pensé un instant que certaines pouvaient être inutiles, il n’en est rien –, oubliées les redites, oubliées les amourettes du héros, moins intéressantes que ses performances, mais qui finalement le rendent attendrissant. Je le reconnais, tout a son importance, y compris les descriptions de paysages américains magnifiques et surtout, en filigrane et admirablement traitée, tout en discrétion cette guerre du Vietnam qui bouleversa l’Amérique.

Un superbe roman pour les amateurs d’athlétisme et… les autres.

Editeur : Finitude
Date de Parution : 3 Janvier 2019
Nombre de pages : 352

Ce livre a été lu dans le cadre de l’association « Les 68 Premières Fois »