Une plongée dans mes années collège/lycée.
Cette fois, c’est d’autant plus extraordinaire qu’elle me replonge dans mes années collège/lycée et même université quand je me battais contre les thèmes et les versions, le Gaffiot et le Bailly. Nous sommes, en effet, en 65 après Jésus-Christ, près de Rome, et nous assistons aux dernières heures de Sénèque pendant lesquelles il va écrire à son ami Lucilius et lui raconter, expliquer, se confesser. Néron, l’empereur, a ordonné sa mort, lui dont le philosophe fut le précepteur et « l’ami ». Et l’auteure s’empare brillamment du sujet « …dans ce blanc laissé par la disparition des derniers mots du philosophe. »
Une écriture fine, une grande érudition.
Elle le fait, comme d’habitude avec toute la finesse d’écriture et l’érudition dont elle est capable. Elle le fait avec la simplicité d’une brillante élégance. Elle raconte la difficulté pour Sénèque de revivre les années passées auprès de ce Prince, la difficulté à se remettre en question, à se dire qu’il a failli, qu’il s’est parfois trompé, qu’il est finalement allé de compromis en compromissions. Mais ne le savait-il pas dès le début ? « En me faisant revenir, Agrippine faisait de moi son obligé à tout jamais. Si elle m’avait demandé d’aller récurer les latrines de sa villa d’Antium, il m’aurait fallu y aller. Heureusement, ou malheureusement, elle avait d’autres projets pour moi. »
Des intrigues de pouvoir.
J’ai beaucoup aimé le regard posé sur les intrigues du pouvoir. J’ai aimé aussi celui nimbé d’empathie que Marianne Jaeglé porte sur Néron, ce jeune garçon à la vie pas si drôle, privé d’amour, élevé par une mère longtemps absente, dure et manipulatrice. J’ai aimé retrouver Agrippine, Claude et les autres, personnages longtemps fréquentés mais peu à peu oubliés. A travers ce roman, l’auteure se pose et nous pose la question : comment Sénèque et ses idées de vertu ont-ils pu se mettre au service de ce tyran qu’est devenu Néron ?
Un fabuleux roman, éclatant, savant qui sous d’apparents aspects biographiques, nous raconte une histoire de pouvoir et de ses querelles.
Editeur : Gallimard (L’Arpenteur)
Date de Parution : 21 Mars 2024
Nombre de pages : 272
Déjà qu’il m’avait été chaudement recommandé par ailleurs, je ne peux que le mettre en tête de ma liste de lectures après ce billet. Je découvrirai ainsi une autrice visiblement très talentueuse.
Bonjour Sacha, Marianne Jaeglé est en effet une auteure très talentueuse. J’avais déjà adoré « Vincent qu’on assassine » mais aussi « Un instant dans la vie de Léonard de Vinci ».