Poser tous les mots et les laisser raconter…
Tant de mots me viennent à l’esprit que j’aurais envie de les poser là, en vrac, et d’attendre que d’eux-mêmes ils s’assemblent et vous racontent. Comment traduire, en effet, la beauté de ce récit ? Comment en relever toutes les particularités ? Comment exprimer l’admiration face à un texte recherché, travaillé, peaufiné ? Comment dévoiler l’important sans divulguer l’essentiel ? Comment expliquer les personnages et leurs rapports ? Comment énoncer la marche de l’histoire, ses tours et ses contours ?
Un roman, véritable fresque…
Car ce roman, est une fresque. Il est certes l’histoire d’Aurélien, directeur du département des peintures au Louvre, quelque peu inhibé, hostile au changement, mais aussi celle de Daphné, la Présidente, déterminée, vive, efficace qui accepte, sans coup férir l’idée que
« Redonner ses vraies couleurs à La Joconde, c’est créer un événement planétaire et [vous] assurer la venue de millions de gens empressés d’admirer sa photogénie nouvelle. »
C’est encore celle de Gaétano, en Toscane, et Homéro le plus étonnant de tous. C’est, en fait, toute une galerie de portraits, de personnages curieux, originaux, attachants, hauts en couleur, qui se croisent, s’entrecroisent.
Style enlevé, écriture élégante…
Le style est enlevé, l’écriture élégante et vive et la construction parfaite qui passe de l’un à l’autre des protagonistes, de l’une à l’autre des décisions et actions, dans une sorte de ballet brillant et pétillant jusqu’au final, admirable. Les propos sérieux se mêlent à des moments cocasses, des descriptions délicieusement ironiques
« La ministre était une personne remarquablement affable, ronde dans ses manières et dans ses traits. Elle était apprêtée avec l’orgueilleuse sophistication d’une pâtisserie délicate, laquée et poudrée dans les camaïeux de rose pêche et de carmin. »
A travers l’idée de la restauration d’un des tableaux les plus admirés au monde, l’auteur nous donne une magnifique leçon sur le regard porté aux images, au besoin de changement propre à notre époque, et sur les liens qui unissent artistes et artisans amoureux d’un même art.
Editeur : Philippe Rey
Date de Parution : 12 Janvier 2023
Nombre de pages : 352
Roman sélectionné pour le :
mon intention était de l’acheter, mais après avoir lu cette chronique, ça me donne encore plus envie de le lire ! Ajouté sur ma liste 🙂