Un roman aux confins de la fable.
De l’auteure, j’avais lu – et adoré – le premier roman en 2019, « L’homme qui n’aimait plus les chats ». J’ai laissé passer les deux suivants, mais là il n’en était pas question. Bien m’en a pris car ce nouvel opus est à la hauteur de son talent et cette lecture fut un moment intense. Il s’agit d’un roman, certes, mais aux confins de la fable, de la métaphore. Car ce rafiot qui petit à petit risque de couler, qui perd ses passagers et même ses équipiers, c’est le monde du travail.
Humour absurde, belle écriture.
Et en lisant cet ouvrage, j’ai souvent eu la gorge serrée malgré l’humour absurde de l’auteure, malgré son écriture qui joue avec les mots, inventive, originale et joliment travaillée. J’ai eu la gorge serrée parce qu’elle nous dépeint là, avec une profonde lucidité un monde qui s’effondre, qui ne respecte pas ceux qui sont aux écrous et clés à molette. Un monde dans lequel le Capitaine, quel que soit son âge, « tiendra le cap quoi qu’il en coûte » au détriment des petits. Parce que le travail est pensé par ceux qui ne le font pas. Parce que les grands réussissent à berner les petits en leur faisant miroiter des alouettes, comme aurait dit Fatima, l’un des personnages.
Des personnages attachants.
Les personnages, justement, sont tous attachants de Momo à Léon, toujours sur le pont, des Michel’s qui s’attirent autant qu’ils se détestent et puis Bibine qui râle souvent. Ils se serrent les coudes, se remplacent, tentent de colmater les brèches… jusqu’à quand ?
Ce livre, une fois n’est pas coutume, je vous invite à le lire si ce n’est déjà fait. En plus d’être plaisant à découvrir, il est, je trouve, d’une grande utilité et nous remet en mémoire des faits pas si lointains que nous sommes en train d’oublier.
Un coup de foudre pour ce qui me concerne.