Une nouvelle, un court texte, un condensé parfait…
Plus que d’un roman, il s’agit plutôt d’une nouvelle ou d’un court texte de 89 pages à lire. Il fut pour moi l’exemple parfait du condensé de réflexions, de remises en cause, de retour sur soi. Bref, il parle de cette période de vie, lorsque, à la retraite et allégée des contraintes horaires et des obligations professionnelles, on ne peut s’empêcher de penser que c’est le début de la fin. La narratrice est pourtant, elle, optimiste – tout au moins au départ – à l’inverse de son mari, André, chercheur qui se sent vieux et n’a plus envie de rien. Mais il suffit de pas grand-chose pour enrayer la machine : un livre qui n’a pas le succès escompté (elle était enseignante et toujours auteure), un fils qui décide de prendre son envol et « trahit » cette mère qu’il aime pourtant énormément. Alors tout bascule…
L’ombre de l’auteure, de toutes les femmes…
Derrière ce récit on a l’impression de reconnaître l’ombre de Simone de Beauvoir, et pourtant il ne me semble pas que ce soit tout à fait elle. Elle est dans toutes les femmes ou presque, qui forcément s’interrogent sur ce que fut leur vie, ce qu’elle va devenir. Vieillir, qu’est-ce ? Est-ce l’abandon de ses convictions ? La fin de l’espoir, de la création ? La fin de la faim, faim de vivre, de découvrir, de se battre ?
« Pendant des années mes classes m’ont donné l’illusion de ne pas changer d’âge : à chaque rentrée, je les retrouvais aussi jeunes, et j’épousais cette immobilité. Dans l’océan du temps j’étais un rocher battu des vagues… Et soudain le flux m’emporte et m’emportera jusqu’à ce que j’échoue dans la mort. »
A l’aide d’une écriture enlevée et légère, joliment imagée, l’auteure m’a entraînée à vive allure jusqu’à la fin. Mais je refuse de céder au pessimisme lié à l’âge et même si j’ai largement dépassé celui de discrétion qui est le sien, j’ai bien l’intention de continuer à vivre intensément et de
« Ne pas regarder trop loin. Au loin c’étaient…les râteliers, les sciatiques, les infirmités…Nous n’avons pas le choix. »
Editeur : Gallimard (Folio)
Date de Parution : 1er Mars 2018
Nombre de pages : 128
Un énorme merci à l’amie qui se reconnaîtra pour ce cadeau si bien choisi.
Simone de Beauvoir, je l’ai leu jeune, trop jeune : elle n’a donc pas été ma tasse de thé… mais une nouvelle, pourquoi pas ?
Ce texte est très court et vite lu, mais plein de réflexions intéressantes sur la vieillesse.
Des questions sur la vieillesse, je m’en suis posé. Je préfère par ailleurs me poser la question du vieillir. L’une est un état, l’autre une action et je pense avoir plus de prises sur l’action que je peux mener plutôt que sur l’état d’usure qui est celui de mon âge.
Je lirai volontiers cette nouvelle, je pourrai en croiser le message avec bien d’autres auteurs, autrices lus ces dernières années depuis que j’ai réalisé que c’était ma génération qui partait et non plus ‘les vieux’ qui m’avaient précédé. Merci pour cette chronique qui, une fois de plus, donne envie de lire.