« J’aime bien les publicités pour les programmes immobiliers. Je ne manque jamais de les admirer à la devanture des agences. »
Ainsi commence le livre que je viens d’acheter sans avoir rien regardé d’autre que la couverture et… le titre. Bigre ! Où cela va-t-il me mener ?
Le « Mayerling » est un immeuble de grand standing construit sur un terrain entouré de hauts murs, terrain qui abritait autrefois un manoir devenu un temps asile d’aliénés puis logement pour les officiers allemands pendant la seconde guerre mondiale, puis racheté par des particuliers, puis, puis… et voilà que tous les habitants triés sur le volet commencent peu de temps après leur emménagement à connaître bien des désagréments que je vous laisse le plaisir de découvrir.
Autant l’avouer, pas de coup de foudre pour ce roman, mais un amour d’autant plus solide qu’il est né au fil des pages et s’est accentué toujours et encore jusqu’au tout dernier mot. Je qualifierais ce récit d’original – ça c’est vraiment le moins que l’on puisse dire – étonnant, bizarre, étrange. J’irais même jusqu’à ahurissant, fantastique, chimérique. C’est drôle, décalé, voire même déjanté et pourtant, le plaisir est là et je crois l’avoir dévoré les yeux écarquillés et la bouche ouverte.
Bien mené, organisé en paragraphes plus ou moins longs, tous précédés d’un titre, il nous embarque dans une histoire loufoque, un combat entre un immeuble et ses occupants, un véritable thriller à la limite de l’ésotérisme. Et au milieu de tout ça, par petites touches, des références littéraires, des passages très sérieux sur le droit immobilier, la vie difficile de copropriétaires, « …vos voisins, spécialement ceux du dessus, sont vos ennemis… Leur plancher, c’est votre plafond… Vous les appelez vos voisins, mais la vérité, c’est qu’ils habitent avec vous. Ils vivent chez vous. » Il y est aussi question des manques de compétence des gérants de syndics. « Le rôle du gérant, grave question. Le bon déroulement de l’assemblée repose sur ses épaules. La plupart ne sont pas formés. Ils ont de vagues connaissances technologiques et juridiques, mais ils ignorent l’essentiel : la psychologie des foules, l’art de diriger un débat ».
Etude fine de la vie en copropriété, je me suis reconnue dans certaines situations, véritable « satire de l’urbanisme contemporain« , comme le signale la quatrième de couverture, l’histoire est cocasse, drolatique, envoutante jusqu’à la fin. On y rit et on y pleure, on se réjouit et on a peur, on s’interroge.
Editeur : Rivages
Date de parution : 3 Janvier 2018
Nombre de pages : 271
Avis partagé!
J’en suis ravie car, même si je défends ardemment la différence de point de vue concernant les lectures, c’est toujours agréable de constater que son appréciation est partagée.