Epoustouflant !
Epoustouflant, c’est le mot, passionnant de bout en bout malgré les 468 pages, un véritable coup de foudre pour ce qui me concerne, je pourrais même dire un double coup de foudre. J’ai d’abord eu un immense plaisir à retrouver la plume de l’auteur déjà appréciée dès son premier roman « Avant que naisse la forêt » puis « Belhazar ». Dans ce nouvel ouvrage, il gravit un échelon supplémentaire, passe la vitesse supérieure et nous offre un récit historique mâtiné d’un polar d’une extrême qualité. L’écriture est leste, très travaillée tout en restant fluide, délicieusement surannée et adaptée à l’époque des faits.
Un récit mené de main de maître.
Quant au récit, il est mené de main de maître. Des sauts dans le temps nous expliquent les péripéties de la vie des personnages, tous attachants. Petit à petit, nous suivons plus particulièrement Annette Vacher, prostituée, témoin du massacre des habitants du fameux 12 rue Transnonain et qui s’est perdue dans la nature. Il y a aussi Joseph Lutz, policier des mœurs, ancien subalterne de Vidocq, chargé de la retrouver. Jérôme Chantreau s’y entend pour faire mentir les lois mathématiques. Chez lui, les parallèles finissent par se rencontrer. Comment ? Vous le découvrirez au fil de la lecture de ce brillant récit. Et petit à petit, vous découvrirez aussi que le chemin de l’un comme de l’autre semble aller vers la lumière : Annette en écrivant et Joseph en abandonnant sa traque.
Ce roman est, en un mot, remarquable et un excellent départ pour cette toute nouvelle maison d’édition qu’est La Tribu. J’attribue une médaille supplémentaire à l’originalité de la couverture et à la phrase mise en exergue. « On ne tue pas le peuple dans son lit. »
Editeur : La Tribu
Date de Parution : 5 Février 2025
Nombre de pages : 468
Je remercie chaleureusement le site Babelio et les Editions La Tribu
pour cette lecture hors du commun.
Je ne résiste d’ailleurs pas au plaisir – une fois n’est pas coutume – de vous proposer un court extrait, preuve de la qualité d’écriture de l’auteur :
« Lutz attend dans le couloir. Sa face canine, front bas et incisives saillantes, semble jaillir d’une lavallière jaune canari, comme une tête tombée dans un panier d’osier. L’ombre de son haut-de-forme découpe la ligne de ses yeux, un regard noir et brillant habitué à fouiller la nuit. Le nez cassé, la bouche zébrée de cicatrices, des favoris buissonnants tirant sur le rouille, une balafre sous l’oeil gauche qui lui barre la moitié de la joue. Ses mains sont enfoncées dans les poches de son manteau de demi-solde. Ajoutez à cela un gilet aux tons écarlates, un vrai gilet de voyou, flammes d’enfer, qui jure avec la nouvelle mode du gris. Pour pantalon, une culotte de peau qui se souvient d’avoir été blanche, tendue dans des bottes à revers. À la main sa canne, célèbre depuis les bouges de l’Hôtel-de-Ville jusqu’aux gargotes des barrières, en bois de noyer, dont le pommeau d’argent représente une tête de chien… »