Une chronique, c’est insuffisant…

Ce n’est pas d’une chronique que j’aimerais me contenter, mais d’une étude de texte fouillée, approfondie, disséquée. Ou alors, peut-être suffirait-il de reprendre les mots de l’auteur écrits en guise d’introduction : un résumé qui dit tout de l’histoire… d’amour. Bon, en fait, je tergiverse tout simplement parce que je ne sais pas par quoi commencer. Pour une fois, je vais dire tout de suite que j’ai aimé, adoré. Je peux ajouter que j’ai été bluffée, sidérée, épatée. Ce roman en trois chapitres, telle une tragédie grecque en trois actes nous raconte l’histoire d’Aldo, moniteur de tennis dans un club huppé de Genève et de Svletana jeune financière. Ces deux-là se rencontrent et s’aiment. Jusque-là, me direz-vous, c’est banal. Hélas, la suite s’avère beaucoup plus compliquée. L’amour ne leur suffit pas, ils veulent davantage.

Tout est histoire d’argent…

Nous sommes à la fin des années quatre-vingt et tout est histoire d’argent… Le rythme sec, l’écriture incisive, la manière qu’a l’auteur de s’adresser à ses personnages, de les conseiller, les prendre à témoin, les digressions dont il nous régale, donnent au roman un intérêt particulier. Noir, il l’est à coup sûr. Palpitant aussi qui nous mène de Genève, personnage à part entière, où se croisent nombre de nationalités, au Mexique, Lyon et la Corse. Les personnages possèdent tous un aspect touchant, malgré leurs côtés sombres. L’auteur ne dénonce rien, ne formule aucune critique, se contente de raconter. Raconter, il sait faire, mêler au récit froid des moments de poésie, de nombreuses références littéraires :

« Elle ne va pas nous faire l’apologie de Ramuz, (il est question de Mimi Leone, l’un des personnages principaux, Corse, qui ce soir-là, venue pour ses Affaires, dîne dans un restaurant lyonnais) mais si elle en avait le temps, elle ne tarirait pas d’éloges sur l’écrivain vaudois, ses répétitions…ses distorsions, ses étirements… »,

des réflexions imagées et drôles :

… « Madame Ivana ». Une sorte de « Madame Claude » pompidolienne, la soixantaine blonde et liftée comme un revers de Björn Borg. »

Et de rythme…

J’ai aimé l’accélération de la cadence et des événements au fil des pages qui nous entraîne vers une fin inexorable. Joseph Incardona réussit là – je suis d’accord avec les propos tenus sur la quatrième de couverture – « une fresque ambitieuse, à la mécanique aussi subtile qu’implacable. »

Un bon point supplémentaire pour la couverture, couleur lingot et précision suisse. En un mot ce fut un coup de foudre !

Editeur : Finitude
Date de Parution : 2 Janvier 2020
Nombre de pages : 400

Roman lu en qualité de membre du jury du Prix des Lecteurs Quais du Polar/20 Minutes 2021.