Sa Majesté a une nouvelle passion…

L’auteur nous raconte, en effet, la passion que découvre un jour la reine, grâce à ses chiens, ou à cause penseront certains, qu’elle entend aboyer. Mais après qui en avaient-ils ?

« Il s’agissait en l’occurrence du bibliobus de la commune de Westminster…elle monta les quelques marches qui permettaient d’accéder à l’intérieur du véhicule… ».

Elle fait par la même occasion la connaissance d’un jeune homme, Norman Seakins, qui travaille aux cuisines du palais, et elle repart avec un roman de Ivy Compton-Burnett, romancière qu’elle avait d’ailleurs anoblie. Ainsi la Reine tombe en amour de la lecture et de la littérature, et prend Norman à son service qui ainsi

« se trouva déchargé des corvées de vaisselle et se glissa (non sans difficulté) dans un uniforme de page, rattaché au service de la reine. »

Humour anglais…

Le ton est enlevé, l’humour tout britannique. Et l’auteur de ce que j’appellerais une farce fait défiler sous nos yeux nombre de romancières et romanciers, y compris Jean Genêt. C’est drôle et léger et pourtant, derrière, se cache une réflexion intéressante sur l’importance de la littérature mais aussi sur le rôle de la souveraine, . On prend très vite conscience qu’elle ne s’appartient pas, que les moindres de ses faits et gestes sont scrutés. Et son nouvel engouement pour les livres modifie l’ordonnance des rencontres avec son peuple et défie Buckingham. Voilà, en effet, que désormais les romans entrent dans les propos échangés avec son peuple. Elle lit, elle lit et désormais arrive en retard à ses rendez-vous, véritable crime de lèse-majesté. Oui, la lecture peut aussi avoir un pouvoir des plus ravageurs.

J’ai beaucoup aimé ce parti pris comique autour de la couronne. C’est un vrai plaisir de lecture, un moment hors du temps, aussi soft and sweet que des jelly babies. Une belle découverte… des années après sa sortie.

Editeur : Gallimard (Collection Folio)
Date de Parution : 7 Mais 2010
Nombre de pages : 128

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard

Egalement paru en langue originale sous le titre « The Uncommon reader » le 12 Juin 2008 chez Profile Books