Amour, silence, souffrance…

« Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi » dit le proverbe et je ferais sans doute bien de l’appliquer. Oui, mais, j’ai malgré tout envie de parler de cette histoire, de tout cet amour attendu et jamais manifesté, de cette souffrance qui affleure, de ce trio qui a du mal à s’exprimer, se confier, s’aimer, sans se faire mal. Depuis le décès de la mère, ils sont trois, en effet, restés là avec leur passé, connu ou pas. Isabelle, la fille, qui a fui sa montagne pour filmer les fonds des océans, Olivier, le fils, qui est resté, lui, et qui soigne les corps et le père, ancien guide de montagne et qui maintenant décline. C’est à ce moment qu’Isabelle revient entre appréhension et espoir, celui de comprendre enfin ce père funeste et si difficile à approcher.

Trois voix…

Un roman à trois voix, trois voix qui cherchent petit à petit à dévider le fil des sentiments. Trois voix qui racontent, se racontent, tentent d’expliquer, de comprendre. Trois voix qui parlent de vies, de choix, de faiblesses. Et toujours l’écriture magistrale de l’auteure, ses mots délicats, la tendresse qui s’en échappe, la précision et l’élégance.

« Tu partais au matin pour rejoindre ta montagne, tu ne te retournais pas. Si tu l’avais fait, tu m’aurais vue, je te regardais partir, avec un nœud au ventre, à la gorge, surtout ces jours où la montagne étaient encore voilée de nuages, encerclée de lambeaux de brume… »

Lire Gaëlle Josse c’est s’envelopper dans une chaude couverture d’une douceur infinie, malgré les traumatismes, les douleurs, c’est se laisser bercer par un chant poétique, c’est passer sur ses plaies un baume bienfaisant. Car, l’histoire d’Isabelle, d’Olivier, de leur père, c’est bien aussi un peu la nôtre à la fois différente et semblable.

« La nuit des pères » est un roman d’une grande beauté, d’une gravité rare, et pour ce qui me concerne : un coup de foudre.

Editeur : Noir sur Blanc
Date de Parution : 18 Août 2022
Nombre de pages : 192