Une île imaginaire, dans la Manche.
Nous sommes à Quiésay, une île imaginaire de la Manche à quelques encablures du continent, reliée à lui par une navette journalière. Là, se côtoient les vacanciers, qui occupent « …les maisons blanches de la plaine ou celles qui donnaient sur l’anse… » et les iliens, tous marins qui s’entassent, eux, dans « …l’ancien fort et sa succession de casemates…des habitations exigües… ». Parmi ces vacanciers, il y a Joseph, Antoine, son grand frère, et leurs parents. Ils investissent chaque été la maison de la grand-mère née sur l’île. Parmi les iliens, il y a Baptiste qui vit avec sa mère et son grand-père.
Joseph raconte.
Entre ces deux mondes, l’entente n’est guère cordiale. Joseph observe les gens, les choses, il raconte. Il parle surtout de son grand frère et du fameux Baptiste. Il parle de l’île, de sa beauté, de la mer, des embruns. Il dit la différence entre les deux populations. Et, si le sujet du transfuge de classe a déjà été abordé en littérature, ici, s’il en est question – Antoine, petit à petit veut aller voir de l’autre côté de l’île, celui des casemates – c’est le ton qui m’a emportée. La langue est magnifique, véritablement aboutie, très travaillée sans que jamais ce ne soit trop. Et puis le rythme m’a touchée, une sorte de chant lancinant, un phrasé poétique et lent qui tient en haleine, une rengaine qui annonce le pire.
Chronique d’un drame annoncé.
Car dès le début le drame est pressenti. Et drame il y aura, il est contenu dans les mots, les paysages, les personnages. Les personnages, parlons en, sont attachants jusque dans leurs faiblesses, leur tristesse, leur désir d’ailleurs et d’autre chose.
J’ai beaucoup aimé ce roman triste mais tellement émouvant. Une magnifique réussite.
Editeur : Phébus
Date de Parution : 16 Janvier 2025
Nombre de pages : 192
Je remercie chaleureusement le magazine Version Femina et les Editions Phébus
pour cette belle découverte.