C’est l’histoire de Maud.

Maud, la trentaine, est en couple avec Yann mais sans enfant. Elle est comptable, mène une vie somme toute banale jusqu’au jour où… Il suffit parfois de peu de choses, d’un smartphone prêté, d’un jeu retrouvé et tout s’enchaîne. Elle joue en conduisant, heurte quelque chose, prend peur, laisse la voiture et s’enfuit à pied. Au bord de la nationale qu’elle longe… un bowling et le début d’une rechute…

Une écriture juste et cinglante.

L’écriture de Victor Jestin sert à merveille cette dépendance dont souffrait Maud et dans laquelle elle retombe. Des phrases courtes et cinglantes, jamais un mot de trop, juste ce qu’il faut pour ressentir l’envie, la fièvre, la peur mais le désir encore plus fort. Et c’est ainsi que nous sommes embarqués pour trois jours d’errance à la suite d’une mauvaise joueuse qui pourtant aime les règles et leur respect. Mais ce qu’elle aime encore davantage c’est le regard des autres, l’étonnement, l’admiration peut-être et cette envie irrépressible de toujours avancer et gagner.

Une héroïne qui n’en est pas une.

L’auteur aurait pu nous en dire plus, analyser plus précisément les raisons de cette addiction, donner des pistes. Mais justement moi j’ai aimé ce flou, cette liberté qu’il nous laisse de trouver les raisons, de comprendre le pourquoi. J’ai aimé le choix de cette héroïne qui n’en est pas une, une femme dont on ne sait pas grand-chose de ce qui motive ce besoin de jouer jusqu’à en perdre la raison.  

Victor Jestin dresse un portrait de femme hors du commun sous ses airs de « Madame Tout Le Monde ». Il nous entraîne dans son addiction jusqu’à nous laisser, nous aussi sur le carreau.

Un beau roman, addictif, à la fois violent et émouvant.