Lors de la dernière Masse Critique proposée par Babelio, beaucoup de titres m’intéressaient. J’ai jeté mon dévolu sur le nouveau roman de Mayra Santos-Febres, « La Maîtresse de Carlos Gardel ». Je suis passionnée par le tango argentin. Non pas que je le danse, hélas, mais j’en adore la musique. Entendre Gardel chanter, accompagné d’Astor Piazzolla au bandonéon est une merveille et admirer les figures des tangueros, un plaisir immense. Le roman est à la hauteur de mes attentes. 

L’auteure nous propose le récit d’une destinée hors du commun :

celle de Micaela Thorné. Arrivée à la fin de sa vie, elle nous raconte… elle, la petite-fille de la célèbre guérisseuse Clementina de los Llanos Yabò, plus connue sous le nom de Mano Santa. A vingt ans, alors qu’elle était élève infirmière et rêvait de devenir médecin elle a rencontré l’immense Carlos Gardel. Elle l’a même soigné, lui qui souffrait de syphilis, avec la plante « Cœur-de-vent » dont sa grand-mère connaissait les secrets. Elle se revoit dans les bras de cet homme qu’elle admirait tant. Elle se revoit dans son lit l’espace d’un petit mois, le temps d’une tournée sur son île, Porto Rico, délaissant un temps sa campagne pour des palaces luxueux .

Elle nous parle des herbes guérisseuses, des difficultés de prétendre à une belle carrière parce qu’elle a la peau foncée. Elle nous parle de sa proximité avec le docteur Martha Roberts de Romeu et de l’avenir médical auquel elle rêve. Elle nous parle aussi de Callimaque, sculpteur et architecte athénien du 5ème siècle avant J. C. qui inventa le chapiteau corinthien décoré de feuilles d’acanthe, mais aussi d’André Pierre Ledru, botaniste et prête français qui constitua un herbier lors de ses voyages dans les îles lointaines. Elle raconte les luttes entre médecine traditionnelle et savoirs ancestraux, la découverte de la pilule contraceptive avec les erreurs qui furent fatales aux femmes de Porto Rico, cobayes en quelque sorte.  

Vous l’aurez compris, ce roman est vibrant, fourmillant, coloré, luxuriant, érudit.

Il vous fera voyager dans les îles lointaines sur fond de désir, de chaleur et de musique lancinante, une musique envoûtante qui fait danser et se pâmer. J’ai beaucoup aimé l’écriture pétillante, le rythme des phrases, le son vibrant des mots qui se prêtent au sujet, les couleurs, les odeurs.

A lire en écoutant « Por una cabeza », un des plus beaux tangos de Gardel et se laisser aller…

 

Editeur : Zulma
Date de Parution : 3 Janvier 2019
Nombre de pages : 320

Je remercie infiniment Babelio et les Editions Zulma pour cette belle découverte.