En Bretagne, sur le bateau du Père Jaouen.

Alors, j’ai aussitôt embarqué sur le bateau du Père Jaouen en compagnie d’Angèle, célibataire de cinquante ans et solitaire, Louise et ses écorchures, Gino qui « se mettait à hurler, le visage tourné et les bras tendus vers le ciel », Manuela, Lucas sur le point de se retirer du monde et « …d’entrer en silence et en solitude dans [sa] cellule », Maud qui « sent la nausée remonter » et les autres. Moi, la Bretonne je fus naturellement ravie de me retrouver là pour une traversée de l’Atlantique. Et l’émotion fut grande de les voir tous se dévoiler, de comprendre leur besoin de se trouver, se retrouver, se panser, se rapiécer après avoir vécu des chagrins, des peurs, des blessures. Car tous ces personnages, pourraient être vous, pourraient être moi.

A l’image du Kintsugi, art japonais.

A l’instar de cet art japonais qui consiste à restaurer des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or, chacun va ainsi se réparer sans pour autant oublier, sans pour autant renoncer à ce qu’ils ont été, sans pour autant chercher à cacher leurs éraflures. Et c’est à l’aide d’une écriture délicate, précise, poétique et même musicale que l’auteure explore l’âme de ces hommes et ces femmes, leur remontée à la surface, la renaissance de leur désir.

A l’image de l’Odyssée.

Véritable Odyssée comme le stipule la quatrième de couverture, ce roman se lit lentement, se savoure, se déguste. Et puis il se relit encore plus lentement pour laisser les mots fondre, les apprécier, s’en délecter.

Une petite merveille m’avait-on dit…je ne peux que plussoyer.