On va faire un beau film !

Boris est en train d’écrire un scénario « Les servitudes silencieuses » qui « raconte une année d’amour entre deux accidentés de la vie, Ariel et Marianne, de leur rencontre à leur rupture. » Et, naturellement, il est au comble du bonheur quand il apprend qu’un producteur est d’accord pour miser sur son projet. « On va faire un beau film » devient alors un leitmotiv : on va faire un beau film en noir et blanc, on va faire un beau film avec Louis Garel et Mélanie Thierry, on va faire un beau film… Et voilà qu’en plus il rencontre Audrey, professeur dans une école de Cinéma, Audrey lui plaît, Audrey est plutôt sensible à son charme, bref…inutile que je vous fasse un dessin, tout va bien pour Boris, « On va faire un bon film ».

Belle écriture, construction intéressante.

L’auteur a le don de mélanger sucre et sel, miel et vinaigre, rire et larme. Son roman est magnifiquement construit, sarcastique, absurde, à la fois grave et léger. Son héros, qui n’en est pas vraiment un, est touchant de lâcheté, incapable de s’affirmer, acceptant petit à petit compromis et même compromissions jusqu’à petit à petit transformer son scénario de fond en comble. Exit les acteurs choisis d’emblée, exit le noir et blanc classieux, exit les dialogues tracés au cordeau. Ou comment transformer un film de genre en navet.

Et même si l’intrusion, à intervalles réguliers, de Jules, fils d’un ami à qui il concède la possibilité de travailler sur l’affiche…par lâcheté, ne m’a pas semblé d’un intérêt capital, je me suis régalée de cette lecture et en suis ressortie guillerette et sourire aux lèvres, malgré la canicule accablante.

Franchement, j’y pense depuis que je lis cet auteur, ses ouvrages sont des antidépresseurs puissants – et sans effets secondaires – qui devraient être remboursés à cent pour cent par la Sécurité Sociale.

Editeur : Gallimard (Collection Sygne)
Date de Parution : 17 Août 2023
Nombre de pages : 208