Mardi 19 mars : jour de la Saint Joseph… un signe du destin pour Joseph Ponthus qui était ce soir-là à la Librairie Fiers de Lettres à Montpellier pour présenter « A la ligne », son premier ouvrage, couronné récemment du Prix RTL/Lire et retenu dans la première sélection du Prix Orange du livre. Un signe du destin parce qu’il s’agit de sa fête, certes, mais aussi parce que Saint Joseph est le patron des travailleurs. Second signe du destin : c’est la première librairie dans laquelle il vient rencontrer ses lectrices et lecteurs hors de ce qu’il appelle sa « zone de confort », c’est-à-dire la Bretagne et Paris

Lorsque vous rencontrez Joseph Ponthus, vous vous retrouvez face à un grand monsieur, casquette de marin vissée sur la tête – qu’il retire très rapidement pour vous saluer et même vous faire la bise – au sourire éclatant, au regard perçant et franc, simplicité, humanité et gentillesse en bandoulière. Et, deux ou trois mots plus tard, vous avez l’impression d’échanger avec un ami de trente ans.

Bien installé dans un fauteuil confortable, même si celui-ci semble un peu bas pour ses grandes jambes, l’auteur répond volontiers à la première demande de Wissam et se présente.

Là, Joseph Ponthus écoute religieusement Chloé lire un passage de son livre.

Enfant unique d’une mère célibataire, il avait peu de copains, pas de mobylette et passait beaucoup de temps dans sa chambre avec ses livres. Il fait des études de lettres, Hypokhâgne et Khâgne, il est en même temps écrivain public et assure du soutien scolaire dans un centre éducatif. Il passe le diplôme et devient éducateur spécialisé en région parisienne. Voilà, cependant, que l’amour frappe à sa porte et l’emmène en Bretagne où il épouse sa belle… Mais là, pas de travail dans sa branche… le chômage et pour y échapper… une inscription en boîte d’intérim. L’intérim va le mener vers les usines agro-alimentaires : les crevettes, poissons et autres bulots puis l’abattoir… Il parle, il parle, il raconte et l’assemblée est là, les yeux rivés sur lui, sans bouger, sans même ciller. Joseph est un véritable conteur.

Son roman, ainsi est appelé cet ouvrage, totalement atypique, il a commencé à l’écrire dans sa tête au boulot, pour ne pas devenir fou, pour laisser les heures filer sans trop s’en apercevoir.

Et le soir, lorsqu’il rentrait à condition de ne pas être trop fatigué, il retranscrivait, écrire, retranscrire l’absurde… Il a voulu, dit-il, et il y est parvenu, sublimer le réel de l’usine, épouser la vérité en épousant l’usine. Et la forme s’est imposée, sans points ni virgules et encore moins de points-virgules mais à la ligne, toujours. Elle donne le rythme cette écriture au plus près du travail qui ne s’arrête jamais.

Il n’oublie pas de parsemer ses propos des auteurs chers à son cœur, son cher Apo(llinaire) et Blaise Cendrars en passant par Dumas dont il est fan absolu, Arthur Lochmann, philosophe devenu charpentier, et sa « charpente comme éthique du faire » et bien d’autres. Et nous sommes toujours là, subjugués et sous le charme. La soirée s’achève après quelques questions posées, quelques réponses données et dédicaces apposées. Ce mardi 19 mars 2019, j’ai rencontré un GRAND.

« A la ligne » est son premier et pour un coup d’essai, un coup de maître. Ce ne sera pas le dernier.

Cerise sur le gâteau – un délicieux cookie café/chocolat/noix –  Laurence, une amie lectrice des l’association des « 68 Premières Fois » était là aussi : un beau premier partage !

 

Merci à Joseph Ponthus pour ce moment hors du temps, aux Editions de la Table Ronde de nous avoir permis cette rencontre et  à Wissam et Chloé pour leur accueil chaleureux. Point sans aller à la ligne.