J’ai d’abord lu quelques lignes, puis quelques pages…
Et puis la curiosité l’a emportée. J’ai d’abord lu quelques lignes, puis quelques pages et je ne me suis pas arrêtée. Je ne connaissais pas l’auteur, pas davantage sa maison d’édition. Et pourtant, d’emblée, j’ai été médusée par la beauté étrange de l’écriture. Cette manière surannée d’assembler des mots choisis, de les faire danser telle une valse à trois temps, de leur imprimer un rythme qui donne envie de lire à voix haute, de s’imprégner de leur musicalité. C’est ainsi que de quelques expressions aimées, je suis arrivée d’un seul coup d’un seul, à la dernière page.
« Enveloppée dans l’une ou l’autre rafale, elle a surgi de nulle part. Une passante. Je marchais à pas lents, appuyé sur ma canne…Je ne la connais pas…Habilement caché à l’abri de son sac à main, un révolver se laisse à peine entrevoir. Il est pointé dans ma direction… »
Pascal Dompierre, soixante-dix ans, est mis en joue, un soir sur un quai de Seine, par une femme inconnue. Il va l’appeler Mathilde, la Mathilde du film de Melville « L’armée des ombres ». On dit souvent qu’au moment de la mort, la vie défile devant les yeux du condamné. C’est ce qui va se passer. En un face à face silencieux, l’homme va revoir sa vie, son enfance, l’âge adulte, ses rares bons moments, ses nombreux côtés sombres. Rien ne nous est épargné de sa personnalité, jusque dans les tréfonds de sa noirceur
« Ajoutez à cela une susceptibilité insupportable et jamais démentie, une incapacité à rire de moi-même ou à employer l’humour et vous obtenez le portrait monochrome du vieux con infréquentable. »
Une écriture élégante, délicate, précise…
Je vous l’ai dit dès le début, j’ai adoré l’écriture, parfaitement adaptée au sujet abordé. J’ai beaucoup aimé son élégance, sa délicatesse, sa précision. L’histoire se lit facilement, la tension grandit petit à petit. La construction est simple qui remonte le temps très clairement. Pour autant, linéarité ne signifie ni ennui, ni simplicité. Il s’agit au contraire d’un récit bien mené, celui d’un engrenage parfaitement huilé qui débouche sur une fin à la fois surprenante et presqu’annoncée.
Editeur : Le Lys bleu
Date de parution : 22 Décembre 2020
Nombre de pages : 176