Road movie dans l’Italie des années de plomb.

« A huit ans, j’aime sentir le haut de mon corps suspendu dans le vide… C’est en position « cochon pendu » que je passe mes récréations, que j’attends Ana, ma sœur. » Sauf que ce jour-là, ce n’est pas Ana qui vient la chercher, c’est son père pour aller « Chez Léon » retrouver sa mère et sa sœur… Sauf que finalement ils passent la frontière, quittent la Suisse et parcourent l’Italie. Et ce road movie dans l’Italie des années quatre-vingt, jalonnée d’Autogrills, va durer deux ans. « Ilaria » est un roman bouleversant, écrit à la hauteur d’une enfant de huit ans que le père, séparé de la maman, enlève. Comprend-elle la situation au départ ? Rien n’est moins sûr. C’est au fur et à mesure qu’elle prend conscience…

Une écriture magnifique, d’une magnifique simplicité.

L’auteure utilise une langue dépourvue d’artifices. Elle économise les mots au maximum. Les phrases sont courtes et claquantes, précises. Pas de chapitres, mais des blancs, parfois des pages entières comme des respirations. Elle décortique à merveille à travers la voix de l’enfant la difficulté de celle-ci à trouver l’équilibre entre la loyauté due à sa mère et celle qu’elle voue à son père. Et si, en effet, elle tente de conquérir la désobéissance, c’est tout en finesse. Son père est dur et alcoolique, mais c’est son père et il peut être aussi drôle et aimant et justement, elle l’aime. Alors, elle se crée une vie dans sa tête au fur et à mesure de ses rencontres et des petits livres qu’elle se fabrique.

Ce roman se lâche difficilement, il est touchant et la voix d’Ilaria m’a longtemps poursuivie. Ce n’est pas toujours simple d’être une enfant.