Petit village au bord du Lac d’Annecy.
Il ne se passe jamais rien ici, sauf qu’une jeune femme, connue de tous les habitants de ce petit village, est un jour retrouvée morte dans le lac. Très vite il est avéré qu’elle ne s’est pas noyée, mais a été tuée puis jetée à l’eau. C’est un meurtre, voire un assassinat. Les paysages, la beauté du lac sont magnifiquement abordés par l’auteur. Visiblement admiratif de ses couleurs innombrables et changeantes au gré des moments de la journée, Olivier Adam les décrit à merveille. Et le tableau ainsi brossé a participé à mon intérêt. Mais l’ouvrage possède nombre d’autres qualités.
Trente chapitres, vingt-cinq personnages.
Trente chapitres et presque autant de personnages qui, tout à tour, s’expriment sur le sujet. Il s’agit bien d’une enquête. Le « Je » est de rigueur. Chacun raconte ce qu’il a vu, entendu, ce qu’il pense des uns et des autres. Chacun se raconte aussi. Comme le dit l’écrivain, venu là chercher l’inspiration, « A quoi bon raconter une histoire en particulier si ce n’est pas pour parler d’autres choses, de ce qui compte vraiment ? La vie qui nous passe à côté. Le temps qui nous roule dessus. Les liens qui se dénouent. Le sens qui se dérobe. » Et c’est ainsi que les pages se tournent seules, l’envie est là de continuer sans jamais s’arrêter, de savoir, de trouver. Addictif, je disais. Il y est question d’amour – pas toujours simples les histoires – de la beauté de l’environnement, des apparences trompeuses, de différences et de la difficulté à les accepter. Parler de ce qui compte vraiment, c’est bien ce que dit l’écrivain.
Belle écriture adaptée à chacun des personnages.
Et pour parler de tout ça, l’écriture est belle, simple mais belle, et surtout multiple, parfaitement adaptée à chaque narratrice ou narrateur. Tout est monologue, les propos de celui qui recueille les témoignages restent souvent off ce qui ajoute au mystère « Des problèmes ? Ici ? Avec moi ? C’est quoi cette histoire ? Qui vous a dit ça ? Non, franchement, je ne vois pas. » Et je ne parle pas de la fin, parfaitement réussie à mon goût.
Un roman qui s’avale tout en se dégustant. J’ai adoré.
Editeur : Flammarion
Date de Parution : 1er Mai 2024
Nombre de pages : 368