Une maison d’arrêt…

« Quand j’ai traversé la cour de la maison d’arrêt, j’ai guetté le ciel. Ce trou de bleu entre les murs de pierre…Et puis j’ai traversé ce long couloir. On m’a ordonné de me déshabiller. On m’a fouillée intégralement… ».

Là, forcément, je comprends le sens du titre… sauf qu’on est, pour l’instant, entre les murs. La narratrice s’appelle Marianne, elle menait une vie tranquille auprès de son mari David, retirée dans une campagne silencieuse. Aujourd’hui, elle est menottée, devenue un numéro, enfermée. Elle clame son innocence mais personne ne veut l’entendre. Et puis, elle apprend qu’elle est enceinte…Je préfère ne pas aller trop loin, ne pas dévoiler l’important, vous laisser découvrir au fil des pages le destin de cette femme.

Rythme vif, chapitres courts…

J’ai lu ce roman avec avidité. Souvent tentée d’aller à la dernière page pour connaître la fin, j’ai résisté. J’ai pris, je le reconnais, fait et cause pour cette jeune femme. Je me suis mise à sa place, ai ressenti, je pense, les mêmes affres, vécu les mêmes tourments. L’auteure n’utilise pas une écriture ampoulée mais les mots sonnent juste, chaque sentiment, chaque émotion sont parfaitement rendus. Le rythme est vif, les chapitres courts et les paragraphes encore davantage, les phrases claquent.  L’auteure nous plonge, en apnée, dans l’univers carcéral féminin : la saleté des cellules, la promiscuité, l’agressivité, l’ennui… Sans pathos, sans jugement, elle dit les journées, les codétenues, les amitiés qui se créent dans l’adversité, le sas heureux du quartier mère/enfant, véritable semblant de liberté. Elle parle des visiteurs de prison, un lien avec l’extérieur.

Pas de voyeurisme dans ce récit mais une réflexion sur la culpabilité, sur les lenteurs de la justice, l’attente interminable des procès, tout cela truffé de retours en arrière, de retours dans la vraie vie, celle d’avant, la liberté, le bonheur.

Très maîtrisé, cet ouvrage, d’une extrême sensibilité m’a tenue en haleine de bout en bout.  

Editeur : Plon
Date de Parution : 3 Février 2022
Nombre de pages : 352

Roman éligible pour le Prix Orange du Livre 2022, lu en qualité de membre du jury.