Après le sublime écrit de David Lelait-Helo, il m’était impossible de me replonger tout de suite dans un roman. Je me suis alors tournée vers un récit, celui de notre actuel Premier Ministre, Edouard Philippe, « Des hommes qui lisent ». Pourquoi être attirée par un tel ouvrage ? Pour plusieurs raisons : d’abord un livre qui parle de livres, de littérature et de lecture ne pouvait que m’allécher. La curiosité d’observer l’écriture d’un haut personnage d’Etat n’y était pas étrangère non plus. En effet, si certains peuvent imaginer son recours à un prête plume, je reste personnellement persuadée, jusqu’à preuve du contraire, qu’il n’en est rien. Enfin, je ressentais comme un devoir de connaître cet ouvrage acheté par la bibliothèque dans laquelle je suis bénévole.
J’y ai trouvé un certain intérêt et même un intérêt certain. Il s’agit donc là du récit de la vie d’un homme à travers les livres qu’il a aimés, qui l’ont marqué et même ceux qu’il n’a pas lus pour diverses raisons qu’il explique très bien. Nous apprenons notamment qu’il doit son prénom à l’un des personnages d’un roman d’André Gide « Les Faux-monnayeurs », dont il présente, je trouve, une brillante analyse et qui me donne vraiment envie de le relire. L’auteur, Edouard Philippe, pas Gide, va ainsi nous raconter sa vie et ses choix politiques à travers ses lectures. D’Edmond Rostand et son Cyrano à Camus en passant par Céline pour lequel il assume une grande admiration, non pas pour l’homme, mais pour son talent d’écrivain, il nous fait découvrir son univers littéraire. Il parle avec délectation des Trois Mousquetaires, de Sartre et autres monuments de notre littérature, notamment Victor Hugo auquel il semble vouer une véritable passion, sans oublier les biographies de Jean Lacouture, j’en passe et des meilleurs
Il revient notamment sur la mise en place d’une politique du livre et de la lecture au Havre, lorsqu’il était maire de cette ville. Il choisit d’agir dans la continuité de son prédécesseur… « Mais il fallait aussi commencer à semer quelques petites touches d’originalité. Et celle que je choisissais d’emblée d’évoquer, c’était le choix, mûri depuis longtemps et que je n’avais jamais évoqué publiquement, de lancer, au Havre, une grande politique de lecture. » Tout cela reste cependant léger, la littérature demeurant le propos principal.
Ce livre, bel hommage à son père, enseignant puis principal de collège, fervent lecteur et surtout passeur est, de mon point de vue, bien écrit. Edouard Philippe n’a pas recours à de grandiloquents effets de manche, utilise des tournures de phrases et un vocabulaire classiques et simples et développe avec bonheur visiblement, tout ce que la lecture lui a apporté.
J’ai apprécié, enfin, les deux derniers chapitres dans lesquels il établit d’une part une liste de ses lectures et en rédige une brève chronique toujours argumentée et d’autre part nous révèle des ouvrages qu’il n’a pas encore lus et en donne la raison, comme je l’avais déjà mentionné plus haut.
Editeur : J.C. Lattès
Date de parution : 5 Juillet 2017
Nombre de pages : 247