Je remercie très sincèrement Lecteurs.com organisateur de ce petit déjeuner littéraire ainsi que les Editions Gallimard (Série noire) pour ces cadeaux inestimables.

L’attaque du convoi d’un riche Saoudien aux abords de Paris, Suarez, un commandant de police sur les traces d’un monte-en-l’air serbe qui le défie du haut des toits de la capitale de l’Institut de France à l’Eglise Saint Eustache, une jolie femme, un jeu d’échecs, Svetoar Glicorik un grand maître Serbe de la discipline et Enki bilal… pas question de dévoiler quoi que ce soit de cette aventure rocambolesque qu’il est important de découvrir pas à pas. « Haute Voltige » est certes un roman policier, mais il est beaucoup plus que ça. En effet, l’auteur, elle nous l’explique, peaufine chacun de ses romans en s’immergeant totalement dans le monde qu’elle décrit. Elle écoute ses personnages, côtoie leur milieu pour apprendre leur culture, leurs rites, leur vocabulaire et leur manière de s’exprimer. C’est la raison pour laquelle tout sonne si juste. Et si elle part d’un fait réel – ici le vol de tableaux au musée d’art moderne à Paris en 2010 – elle le transforme au gré de son imagination, on peut même dire qu’elle le transcende.

L’écriture d’Ingrid Astier est flamboyante, sonore, imagée

« La poussière du sol avait déjà poudré ses bottes à glaçage de couleurs… Avec son bonnet à grosses côtes, son oncle était méconnaissable. Le Serbe prenait un air islandais. » Et quand ses personnages parlent d’échecs… « Le jeu était superbe. Tout en ambre. Tout. Des pièces au plateau, avec des lions taillés pour pieds… Chaque pièce était vivante comme la chevelure d’une Vénitienne – ou celle de l’auteur ? – et renvoyait mille feux. », alors, on ne sait plus qui prend le pas sur l’autre : l’intrigue ou les mots pour la raconter.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman. Je l’ai trouvé brillant, fouillé, ciselé. J’ai apprécié chacun des nombreux personnages et plus particulièrement le commandant Suarez – autant que les rapports qu’ils entretiennent. J’ai apprécié, dans le désordre, les descriptions de Paris, la découverte du chessboxing imaginé par Enki Bilal dans une de ses bandes dessinées et devenu un sport à part entière qui mélange les échecs et la boxe, l’alternance aléatoire de chapitres longs et courts qui donne le rythme, l’histoire d’amour, la partie d’échecs reproduite en fin de livre et last but not least les  trois pages de remerciements, une nouvelle à elles seules qui rappellent des bons moments du récit et en particulier le passage sur  l’hélicoptère… il faut lire le roman pour comprendre.

Brillantissime

Editeur : Gallimard (série noire)
Date de parution : 9 Mars 2017
Nombre de pages : 608