Je n’avais pourtant pas classé son premier roman parmi mes préférés. Certes, j’avais beaucoup apprécié le thème abordé, certes j’étais tombée sous le charme de son écriture. Mais le diable se cache dans les détails et justement dans ces détails j’y avais retrouvé des moments douloureux de ma vie. Mais là, j’ai dansé sur le sable au son d’un violon, joué les funambules derrière un Max qui traînait sa jambe, souri et même ri aux mots tricotés au point de riz par Gilles Marchand, je me suis réjouie des progrès de Stradi… oh ! mais suis-je bête, je ne vous ai encore rien dévoilé de l’histoire racontée.
Que dire de ce roman ? Je pourrais dire Ô dieu bien des choses en somme, et même sans varier le ton : par exemple, tenez, je pourrais dire qu’il s’agit d’une histoire de différence. Stradi, le narrateur, est un enfant né avec un violon dans la tête. Oui, c’est très étrange et le corps médical semble sans voix devant un tel phénomène. Max, lui, est porteur d’un handicap physique, il boîte. Alors forcément visible ou invisible, la différence change le regard des autres. Mais ces deux-là vont se construire avec cette différence et en faire une force et comme le dit l’auteur : « Les vrais héros ne sont pas ceux qui ont des super pouvoirs, mais ceux qui en sont dénués et qui continuent à avancer. » Je pourrais dire aussi qu’il s’agit d’une histoire d’amour entre Lélie et Stradi, qu’il s’agira bientôt d’une histoire de paternité. Mais je n’aurais dit qu’une infime partie de ce que représente cet ouvrage.
J’aurais oublié de vous parler de la poésie jamais absente, de la tendresse présente à chaque détour de phrases, de la gravité tempérée d’humour, de cette tolérance qui rejaillit sur tout.
J’aurais oublié de vous parler du monde magique de Gilles, de ce charme dont il saupoudre ses écrits, de sa fantaisie, des expressions avec lesquelles il jongle. J’aurais oublié de vous faire écouter la bande son qui accompagne le roman, et m’a enchantée, des Beach Boys à Colette Renard en passant par Gainsbourg et Dire Straits ou encore l’aigle noir de Barbara. J’aurais oublié de vous dire l’importance de la littérature, toujours là, en embuscade. J’aurais oublié de vous narrer les facéties de l’auteur qui subrepticement trouve un interstice pour glisser dans sa nouvelle histoire le titre de son précédent roman. J’aurais oublié de relater l’imaginaire porté à son paroxysme sans jamais perdre de vue l’essentiel du propos.
Editeur : Aux forges de Vulcain
Date de parution : 24 Août 2017
Nombre de pages : 353