La lecture du roman de rentrée d’Amélie Nothomb en fait partie. Je viens de terminer « Frappe-toi le cœur » et j’ose dire – je ne sais si je suis objective, comme me l’a demandé une amie – que je l’ai beaucoup, beaucoup aimé !
Alfred de Musset ne se doutait certainement pas que ces quelques mots, tirés d’un de ses vers dédiés à son ami Edouard Boucher, serviraient de titre à l’ouvrage d’une romancière au vingt-et-unième siècle, et pourtant il sonne si juste. Mais, si le titre est emprunté, les mots de l’ouvrage sont bien ceux d’Amélie Nothomb, et l’écriture, sienne. Elle est simple, parfaitement maîtrisée, épurée à l’extrême, même si persistent quelques mots surannés chers à son cœur « enfançonne, transissait… ». On croirait entendre un procureur relatant les faits d’une affaire criminelle. Les termes sont justes, précis, les phrases courtes et percutantes. Tout est dans l’équilibre, pas de formules ampoulées, pas d’expressions grandiloquentes, pas de vocables inutiles. La forme s’efface au profit du fond et renforce l’intérêt du sujet.
son héroïne Diane très belle et intelligente est entourée d’une mère jalouse – Marie – d’une sœur trop aimée – Célia – d’un professeur quelque peu calculateur, Olivia. Et puis, il y a aussi son amie Elisabeth et Mariel, la fille d’Olivia que Diane se met à aimer, à choyer, à entourer. Et les hommes, me direz-vous ? Ils ne sont pas absents mais secondaires, sans véritable intérêt, laissés pour compte.
le problème de la construction de soi. J’ai aimé la question posée de la formation d’un être, avec qui, contre quoi ? Comment réagir à l’égoïsme des uns, à la jalousie surtout, à la rivalité des autres ? L’auteure raconte l’amour familial feint ou non et ses conséquences, avec une belle subtilité , une lucidité évidente, une gravité confondante, une distance saisissante. Le texte en est poignant, douloureux, dramatique… J’ai aimé l’intelligence des propos de Diane, enfant si jeune au début du roman, et dont les capacités d’analyse sont étonnantes. Je n’ai pas de fille mais il m’a semblé que les relations entretenues avec sa mère, entre amour profond et haine larvée pouvaient exister.
En résumé, pardonnez-moi si je me répète, j’ai aimé beaucoup, passionnément, ce cru 2017 que je qualifierais de grand cru classé et que j’ai tout autant lu avec avidité que dégusté avec bonheur.
Editeur : Albin Michel
Date de parution : 23 Août 2017
Nombre de pages : 180