Avis : ★★★★★
La nature humaine est parfois singulière et j’en suis un exemple. Je lis peu de littérature policière et pourtant… j’aime beaucoup ça.
J’ai même adoré « Fausse note » de Guy Rechenmann que je viens de refermer.
Policier, le roman l’est assurément : intrigue, enquête, enquêteurs, suspects, rapports, suspens, tout y est et même… beaucoup plus. Anselme Viloc, inspecteur de police au commissariat de Bordeaux reçoit la visite de François Frontjoie. Ce dernier lui raconte son cauchemar de la nuit précédente, lié à la disparition de sa fille Pauline il y a près de dix mois. C’est ainsi que démarre, de la plus étonnante manière, sur la foi d’un rêve, l’enquête menée par notre inspecteur . Mais, ne comptez pas sur moi pour vous en dévoiler davantage. Une telle histoire se mérite.
Antoine Viloc décide, donc, de s’attaquer à cette affaire à laquelle visiblement personne ne s’est beaucoup intéressé jusque-là. Son sens aigu de l’observation, sa capacité à repérer les moindres détails, son écoute attentive, bientôt associés à l’intuition d’un adjoint zozoteur, Jérémy Loiseul, vont faire des miracles. Le chemin sera long et sinueux, mais au bout… tout s’éclairera.
Et, quand,
« … le jeudi 16 avril 1942 au sud de la Pologne, en Haute Silésie, non loin de Cracovie, sur la rive droite de la Vistule. »
un enfant de six ans, violoniste virtuose, s’invite dans le récit, l’histoire devient l’Histoire avec un H et conquiert alors une toute autre dimension. Le roman policier se mêle au devoir de mémoire et ce petit garçon prend toute sa place. Particulièrement émouvant, sorte de fil rouge, il m’a accompagnée en musique pour mon plus grand plaisir.
Parfaite est la construction du roman qui pas à pas nous entraîne vers une fin… extrêmement bien ficelée. Magnifique est l’écriture et son spectre très large qui passe de la poésie « Le soleil se laisse tomber de l’autre côté de la maison, sans doute harassé par le poids de la journée. », à l’humour « Le véto, lui, il vit entouré, mais de plumes et de poils, et s’il pouvait apprendre à hennir, il le ferait… ». Tantôt familière, tantôt plus sérieuse, elle reste simple en toutes circonstances et sans ostentation aucune. Pourtant elle met en valeur de jolies descriptions de paysages et fait la part belle au Bassin d’Arcachon . Cerise sur le gâteau, pour l’amatrice de mots que je suis, la découverte d’une expression – du Sud-Ouest ? – inconnue jusqu’ici, a fait mon bonheur : « A jour passé ». Je la trouve élégante et surannée juste ce qu’il faut. C’est sûr, j’essaierai de la replacer.
« Fausse note », un récit captivant, aux confins parfois de l’ésotérisme, à savourer au bord de l’océan ou ailleurs et en toute saison.
Editeur : Cairn (collection du Noir au Sud)
Date de Parution : 28 Janvier 2019
Nombre de pages : 270
Super chronique qui donne envie ! Comment as-tu découvert ce livre ?
Je t’envoie un petit message pour t’expliquer tout ça !