Je ne pus qu’acheter cet ouvrage visiblement hors du commun et l’auteur me le dédicaça avec la plus grande gentillesse.

Je viens de lire le dernier mot. Hors du commun le récit l’est assurément. Et de ce fait, la rédaction de la chronique en devient difficile.  A vrai dire, j’ai l’impression de n’avoir pas tout compris de l’histoire. Par manque de folie, peut-être, d’imagination, sans doute, je n’ai pas su distinguer le rêve de la réalité. Trop cartésienne aussi, pas suffisamment déjantée, je n’ai pas réussi à m’immiscer dans ses méandres.  Réaliste est l’histoire d’Ismaëlle, déjà orpheline de mère, qui se retrouve propriétaire de la barque de son père, pêcheur sur le lac Léman, lorsque celui-ci s’y noie. Beaucoup moins probable en revanche m’a semblé sa rencontre avec Ezéchiel, fils d’un roi africain, dont je n’ai pu déterminer s’il existait vraiment, s’il représentait un fantasme ou encore un symbole, une idée, une allégorie. Lorsqu’enfin des cadavres remontent en nombre des profondeurs du lac, lorsqu’il est question de Mammon, une bête mystérieuse, là, j’en perds complètement mon latin.

L’écriture n’a pas été de nature à m’aider : poétique parfois, mais hallucinée le plus souvent, le terme est employé sur la quatrième de couverture et convient parfaitement, syncopée, faite de phrases sans verbes, des mots juste apposés :

« J’étais en robe d’été – la seule de la penderie. Canicule en avril. Circonstance ? Réchauffement ? Climat ? anecdote ou partie d’un grand tout, planétaire ? Le soleil donnait, implacable, au cimetière. Impression de malheur. »

Elle ne m’a pas emportée. J’ai essayé de trouver les liens, le pourquoi, le comment de ces suites de mots. J’ai tenté de comprendre des passages, sans rapport pour moi avec le reste du récit :

« Le lait coule par le canal galactophore. L’érection du téton, permanente ; il durcit, perd sa souplesse, son grain ; ressemble quelques mois aux tétines des vaches ; aréoles plus sombres, luisantes de vaseline à cause des crevasses. Le lait coule sur les lèvres, l’enfant rote, de trop-plein ; dans la gorge, puis l’estomac, puis l’intestin du nourrisson ; jusqu’à l’écœurement. Les mères gavent plus qu’elles nourrissent. »

Rapport à sa mère morte ? Peut-être ? Sans doute ?

Vous l’aurez compris, je ne suis pas entrée dans ce récit à la limite du conte. Il y est question d’ogre, d’ailleurs. Il m’a manqué quelque chose, une cohérence, une écriture moins inusitée, une connaissance approfondie de la mythologie. Ce livre n’était pas pour moi.

Il est toujours difficile, délicat, voire douloureux, lorsque l’auteur rencontré avant la lecture est d’une grande gentillesse, affable, disert, de ne pas adhérer à son travail. Mais à mes yeux l’honnêteté, la sincérité doivent prévaloir et après tout, ce n’est que mon ressenti. Vincent Villeminot, votre premier roman n’était pas pour moi.

J’attends le prochain.

Editeur : Les Escales
Date de Parution : 30 Août 2018
Nombre de pages : 288