Curieuse, j’étais…

Ce petit bouquin aiguisait, je dois l’avouer, ma curiosité. Allais-je y retrouver le côté impertinent, parfois caustique, souvent drôle, et toujours brillant de « Ernest », magazine littéraire dont l’auteur est le fondateur et rédacteur en chef ? Après découverte, la réponse est : « Oui ». Même si je l’ai lu confortablement installée dans un fauteuil, j’ai eu l’impression, en cet après-midi grisâtre, de partir loin. Difficile de ranger ce récit dans une case. C’est à la fois un essai, un genre de chronique voyageuse, c’est encore une réflexion sur le moyen de transport qu’est le train, qu’il soit de jour ou de nuit.  La lecture a aussi sa place dans ce qu’elle dit de nous. Cette femme arrivée en courant « Tailleur gris clair type Zapa et bijoux de marque. » Et son « magazine Simple Things qui invite à cultiver l’essentiel », une « Working girl » assurément. Et cet « homme, quarante-cinq ans environ. Différent. Jean, T-shirt et mocassins Tod’s aux pieds, une montre Patek Philippe au poignet…et Wired, le mensuel américain dédié aux mutations technologiques. » Un entrepreneur de start up ? Et je ne parle pas de la liste d’ouvrages abordée allant de Mickaël Connelly à Alain Damasio, en passant par Kundera ou Sébastien Spitzer et bien d’autres, véritable bibliothèque ambulante.

Je me suis régalée…

Je me suis régalée de ces « brèves », à lire à la vitesse d’un TGV ou à déguster à celle d’un TER. J’ai beaucoup aimé le don d’observation hors pair de David Medioni, capable de dénicher « un stylo Faber-Castell en bois… » sur la tablette d’un voyageur dans le TGV Paris-Lille le 16 juillet 2019 et d’en déduire son mode de vie. Je me suis aussi délectée du chapitre relatif au déjeuner qui décortique avec humour, non pas crevettes ou langoustines, mais les tics de chacun à l’heure de se sustenter. Entre « la tribu des prévoyants », « Celle que l’on pourrait surnommer les « On trouvera bien un truc » et « Celle des « jeûneurs », se joue le moment important de la journée. Malice, tendresse et sympathique ironie en prime. Je me suis enfin retrouvée dans les possibles rencontres, les conversations entamées, les journaux prêtés, tous ces petits moments vécus avec des étrangers devenus, un temps, proches, qui font le sel de tout voyage en train. Le train, reflet parfait de la société.

Je suis arrivée à bon port. Je descends du wagon, ravie de mon escapade en compagnie de David Medioni et ses compagnons de rail. La prochaine fois que je prendrai un TGV Montpellier/Paris, par exemple, je ne regarderai plus mes voisins de la même façon, c’est certain.

Editeur : L’aube
Date de Parution : 21 Janvier 2021
Nombre de pages : 180