Ils auraient pu s’appeler Jules et Jim.

A l’image des personnages de « Jules et Jim », le très beau film de François Truffaut, Paul, Alex et Sarah forment un trio d’amis inséparables. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils se nomment. Ils se rencontrent, enfants, dans une banlieue pavillonnaire. Nous sommes alors en 1985. Un drame va sceller à jamais des sentiments qui balancent entre amour et amitié. Quarante ans plus tard, Paul et Sarah décident de rembobiner le fil de cette vie chaotique et peut-être de comprendre Alex, la pierre angulaire de leur trio. Par chapitre alterné l’un et l’autre racontent, se racontent, telle qu’ils l’ont vécue, cette période de leur existence.

Un portrait à la fois intime et collectif.

Ce sont les quarante dernières années que l’auteur décortique au fil des réflexions de ses personnages. Mêlant l’intime et le collectif, il dresse non seulement leur portrait et leur chemin de vie, mais aussi celui d’une société en pleine évolution. Tout y est, du Sida au Covid, du Président Mitterrand à ses successeurs. Il est question de transfuge de classe, des difficultés d’aimer, de vivre. Parsemé de nombreuses références musicales et littéraires, avec même une allusion à cette célèbre émission télévisée qu’était « Au théâtre ce soir », il prend parfois – souvent – les airs nostalgiques d’un monde révolu.

Une belle écriture, un rythme lent adapté au sujet traité.

J’ai aimé l’écriture à la fois limpide et travaillée et surtout le rythme, lent et répétitif, qui traduit à merveille le ressenti des personnages dont on a l’impression qu’ils n’ont jamais été totalement heureux. Et je n’oublie pas l’élégance, à mes yeux, d’une absence de fin heureuse. Elle est ouverte tout au plus.

En un mot, un seul : remarquable.