Anne… et Clarisse…
Anne, la maman a vécu en Russie dans les années quatre-vingt-dix. Vingt ans plus tard, c’est Clarisse, sa fille, qui s’y rend. C’est ainsi que l’auteur va nous faire voyager dans le temps et l’espace par chapitres alternés. Je n’aime pas les comparaisons mais je voudrais tout de même souligner la grande différence de genre entre ce dernier ouvrage et le premier de l’auteure « Jupe et pantalon » qui démontre un certain talent à se renouveler.
L’âme Russe…
Mais revenons à « Domovoï ». J’ai apprécié ce roman à plus d’un titre : l’intrigue, car c’en est bien une que cette quête d’une mère disparue trop tôt et présente par les seules photos laissées d’une vie antérieure. Le mystère, un mystère aux allures de secret, reste entier que Clarisse souhaite percer. J’ai, par ailleurs aimé le personnage important qu’est la Russie, son histoire, sa politique. Se succèdent un pays tout juste sorti de l’effondrement de l’URSS, sa misère, sa violence, la prostitution des femmes, l’alcoolisme, les pénuries en tout genre et celui d’aujourd’hui, plus ouvert, plus capitaliste, plus enclin à la consommation. J’ai aimé les nombreuses références aux peintres, musiciens, artistes en tous genres, les descriptions de paysages, l’étude minutieuse de chaque protagoniste. Et surtout, j’ai aimé la recherche de cette âme russe, toujours présente dans les mots de Julie Moulin. On y ressent son propre intérêt, son amour pour ce pays. J’ai aimé son écriture, belle, poétique, légère avec, en plus, ce petit côté espiègle, ce sourire décalé qui rompt agréablement le sérieux des propos précédents. Il en est ainsi lorsque Goharik, qui fut l’amie d’Anne, raconte sa vie à Clarisse et lui parle de son ex-mari
« Il [l’] a quittée dès qu’une jeunette s’est extasiée sur sa bedaine…Plus un homme est gras, plus il y a de chance qu’il soit riche. Je (Clarisse) me garde de lui donner mon avis ; chez nous, une protubérance de l’estomac serait plus l’apanage d’un joueur de pétanque. »
Ainsi ce voyage au pays de Gorki et des Frères Karamazov, de la Place rouge et du Palais de Peterhof fut un enchantement. Si je n’ai pas fait allusion au rôle titre, le fameux Domovoï, c’est pour vous laisser découvrir son importance. Prenez-le par la main et laissez-vous guider.
Editeur : Alma
Date de Parution : 5 Septembre 2019
Nombre de pages : 296
Je l’avais repéré à sa sortie mais jamais lu. Moi qui adore la Russie, je pense qu’il devrait me plaire.
critique énigmatique qui lève un voile sur le livre sans en rien dire! Bravo. L’envie est là, un de plus sur la pile…
Belle chronique qui m’intrigue !
Bonne journée !