Et là commence… ou bien finit, peut-être, l’histoire de Leïla. Elle commence par cette phrase « La photo serait belle assurément. » Leïla est une jeune fille, elle vit dans la région parisienne et pleure l’absence de Dan, son amoureux, parti se battre à Khartoum. Dan écrit des lettres, enfin, plutôt des petits mots sur des petits papiers. Et Leïla, couturière décide d’en faire sa robe de mariée…
Il est tout en douceur, élégant, gracieux. L’écriture est coquette, poétique, aérienne
« Le soir tombait sur le canal. La terre semblait s’ouvrir pour laisser monter le brouillard ».
Elle touche aussi à la passion, au charnel
« Femme de chair et de papier, revêtue de ses mots à lui…. Ils épousaient son corps, ils épousaient son âme ».
Tout me semble délicat, dans ces mots choisis qui traduisent l’amour de Leïla. Le thème est original qui consiste à coudre ces lettres sur des carrés de tissu, à les positionner de façon très précise, à les relire avant de les utiliser.
Ma lecture est distanciée, je lis mais ne ressens pas. Je ne ressens pas d’empathie pour cette jeune fille, je ne ressens pas de crainte pour son compagnon en danger. J’ai l’impression de me regarder lire. Les personnages ne me parlent pas. Pourquoi ? Les morceaux de lettres prennent-ils la place de celui qui les a écrites ou de celle qui est en train de les assembler au point de les cacher ? M’aurait-il fallu davantage de détails sur la vie de chacun ? Dan ne révèle rien de ce qu’il vit au loin… ce manque nuit-il à l’intérêt ? Leïla me paraît fade, son amour pourtant sincère n’a pas l’éclat que certaines phrases laissaient imaginer. Sans doute eût-il suffi de presque rien pour pallier ce manque, cette déception, ce goût d’inachevé. C’est joli, raffiné, mais sans véritable saveur.
Editeur : Buchet-Chastel
Date de parution : 4 Mai 2017
Nombre de pages : 96