Marseille… « LA » ville…
Pour Stress – l’auteur visiblement – Marseille c’est « LA » ville, sa ville, celle où il a grandi, dans les années 90, avec Ichem, Kassim, Djamel et Angel. Il habitait dans un quartier populaire, celui du Panier. Il allait à la plage avec les copains, le soir il fréquentait les boîtes, se bagarrait parfois. Stress était le seul de sa bande à avoir « la peau rose ». Et puis les bobos sont arrivés ou plutôt les « venants », comme ils les appellent. Ces gens-là ont investi les taudis du centre-ville, ils les ont réhabilités et ont bouté les pauvres hors du quartier. A eux, les barres d’immeubles de la périphérie, à eux les ascenseurs en panne, à eux la vie de misère…
Un tableau coloré…
Hadrien Bels, dresse ici un tableau coloré qui parlera à beaucoup. Personnellement, je reconnais avoir apprécié ces allers-retours entre hier et aujourd’hui. J’ai trouvé l’évolution des personnages bien étudiée et l’empathie toujours présente
« Kassim se lève brusquement. Il marche, torse nu au milieu du brouillard de sa schizophrénie. Il a gardé sa cage thoracique épaisse et ses muscles de Massaï. »
J’ai aimé les relations faites d’amitié, de disputes, de réconciliations, le regard incisif mais tendre porté sur les choses et les gens, et ce cri d’amour final pour la ville :
« Elle voudrait ressembler à …, avoir des trottoirs immaculés, des voitures bien garées et des pistes cyclables. Moi, je la trouve belle comme ça.«
Mais, moi, qui suis d’un autre âge, toujours à la recherche du mot précis, moi qui enseignais à mes élèves les différents niveaux de langue…le « familier », réservé à l’oral… ce fut un choc de lire à la page 12 :
« Il fait chaud, mon corps est plein de cette envie de niquer les planètes…Je pense à la branlette que je vais me taper en rentrant, j’en salive. »
Et même si le ton et les expressions utilisées correspondent parfaitement aux personnages et à leur vie, même si, j’en suis consciente, le français est une langue vivante et doit sans cesse évoluer, je reste attachée s’agissant de l’écrit, à une certaine rigueur académique, celle que l’on m’a enseignée et que j’ai transmise. Là, forcément, je fus quelque peu ébranlée.
Editeur : L’Iconoclaste
Date de parution : 20 Août 2020
Nombre de pages : 304
C’est une jolie chronique, Geneviève, qui m’a, malgré tes bémols (que je comprends), donné envie de lire ce livre.
Je suis contente de tes propos. En effet, je ne peux passer sous silence mes réserves liées à l’écriture – ce serait malhonnête – mais ce roman est très plaisant et je sais bien que le style est parfaitement adapté à la situation.
En accord avec ton regard sur le phrasé actuel. Si cette manière d’écrire est un reflet du quotidien
servant le thème, je peux l’admettre sans, par ailleurs, l’apprécier. Ce qui me choque davantage, c’est le parler vulgaire qui utilise la grossièreté comme signe de ponctuation. Ce type d’écriture devient malheureusement très tendance chez certains auteurs, autrices.
Je crois que nous partageons tout à fait le même point de vue.
Je crois que je serai également dérangée par l’écriture
Oui, difficile de se refaire à partir d’un certain âge !