De l’auteur, j’ai déjà beaucoup aimé nombre de romans et celui-là ne fait pas exception. Premier chapitre : nous sommes à l’été 1914, le 31 juillet, veille d’une date fatidique, dans un coin reculé du Lot et les bêtes hurlent. Chapitre suivant : été 2017, nous rencontrons Lise, ancienne comédienne et Franck, producteur de cinéma. Ils ont – ou plutôt « elle a » – loué une maison dans cet endroit perdu, sans connexion aucune, sans autre habitation à la ronde, seulement des bois, des collines, le ciel, et des bruits bizarres… Ce récit aurait pu commencer par « Il était une fois… », tant j’ai eu l’impression de lire un conte, ce type de conte qui à la fois fait peur et ravit.
Serge Joncour passe de la Grande Guerre au monde contemporain dans une alternance de chapitres courts se répondant les uns aux autres. Je n’ai pas dévoré ce roman, il méritait mieux. Je l’ai savouré, je m’en suis délectée, fascinée – à nouveau, car je l’avais déjà été pour « L’amour sans le faire » et « Repose-toi sur moi », pour ne parler que des plus récents – fascinée, disais-je, par l’écriture. Puissante, lyrique, descriptive, elle restitue à merveille les grands espaces, la nature et les animaux, sans oublier les hommes et de leurs folies. Il y est question de brebis mais aussi de loups, de renards, de lynx, et même de lions puisque ce mont d’Orcières fut, pendant la fameuse guerre le repaire d’un dompteur allemand réfugié là avec ses majestueux félins et leurs feulements « Ces cris de lions, pour eux (les enfants) c’était l’appel venu d’un territoire promis, celui des histoires qu’à l’école on leur faisait lire, des contes et des fables dont la magie animalière se mettait à exister pour de vrai. »
Ces carnassiers, parfaites allégories, nous ramènent à la vie de l’homme, véritable loup pour l’homme. Franck n’est-il pas en train de se battre contre Liem et Travis, ses associés, authentiques prédateurs prêts à le céder en pâture aux grands groupes ? Et je ne parle pas de celui qui donne le titre à l’ouvrage, ce chien dont on ne sait s’il n’est pas plutôt loup. Tour à tour féroce et affectueux, cruel et obéissant, il traduit parfaitement l’ambivalence des humains.
Serge Joncour, véritable magicien, fait fi des lois mathématiques et permet aux parallèles de se rencontrer. En effet, les périodes passée et contemporaine finissent par s’emmêler pour nous dévoiler l’histoire dans sa totalité. Et pour savoir ce qu’il advient de Franck, Lise, Liem et Travis, je vous invite, si ce n’est déjà fait, à vous plonger dans le monde fabuleux de ce « Chien-Loup ».
Editeur : Flammarion
Date de Parution : 22 Août 2018
Nombre de pages : 480