Violette, le personnage principal de l’histoire, avait à coup sûr un destin de « garde ».

Elle fut garde-barrière puis garde-cimetière. Il faut dire aussi que pour le second emploi, elle portait un nom prédestiné. Elle s’appelait Violette Toussaint. Et, si ce nom n’est pas banal, sa vie ne le fut pas non plus.

« Mes voisins de palier n’ont pas froid aux yeux. Ils n’ont pas de soucis, ne tombent pas amoureux…. Ils ne sont pas lèche-cul, ambitieux, rancuniers, coquets…croyants, vicelards, optimistes. Ils sont morts. » Ainsi commence le livre qui m’a embarquée dans la vie de cette jeune femme au prénom en forme de fleur et au nom qui de chanteur (elle s’appelait Trénet) est devenu synonyme de chagrin.

Je pourrais dire que ce roman est un feel-good, un page-turner, mais ce serait le réduire à ce qu’il n’est pas seulement.

Alors, certes, la romancière nous plonge dans un bain chaud, parfumé de bons sentiments. Certes Violette est la personne que tout un chacun souhaiterait être. Elle est jolie, beaucoup le disent – même si elle ne le sait pas – elle est gentille au sens noble du terme, elle est partageuse, prêteuse, généreuse. Elle est un baume sur les plaies, un sourire sur les chagrins. Mais pour autant sa vie n’a pas toujours été rose. Elle a eu son lot de chagrin et de douleur. Violette est une résiliente. Elle fait de ses malheurs une machine à aimer les autres. Elle suit en cela les principes de son ami Sasha, son prédécesseur au cimetière pour lequel « … le passé est le poison du maintenant. Ressasser, c’est mourir un peu. » Elle est simple et pleine d’empathie.

L’écriture de Valérie Perrin est simple aussi, douce, enveloppante et musicale, une écriture à la plume trempée dans une encre bienveillante et d’une grande humanité. Car il est beaucoup question d’amour dans cet ouvrage, d’amour éternel. L’amour charnel, mais aussi filial, celui des légumes, des fleurs et de la terre, des chiens, des chats et des oiseaux. L’amour du thé qui embaume, l’amour de la mer et des vagues. Elle accompagne de belle manière les personnages qui entourent Violette, tous attachants… ou presque : Philippe, son mari,  Léonine, sa fille, Julien, Irène, Clément et ses collègues de travail. L’organisation du récit tout en aller et retour, faite d’histoires imbriquées les unes dans les autres, ajoute par ailleurs une plus-value au suspens. Je redoutais un happy end, trop conventionnel, mais en même temps l’espérais et j’avais raison, il n’enlève rien à la qualité de l’ouvrage. Je viens de refermer le livre en ayant l’impression de flotter.

« Changer l’eau des fleurs » fait partie de ces romans qui devraient être remboursés par la Sécurité Sociale

Editeur : Albin Michel
Date de parution : 28 Février 2018
Nombre de pages : 560