Lulu… qu’est-il devenu ?

Pas un seul militaire dans ma famille si ce n’est un oncle, appelé du contingent parti « faire » la guerre d’Algérie. J’avais quinze ans et je me souviens encore de son retour. Nous ne l’avions pas reconnu. Il était transformé par ce qu’il avait vu, vécu. C’est tout ce que j’ai connu, retenu de combats meurtriers. Et pourtant, en lisant cet ouvrage au titre évocateur « Ceux qui restent », j’ai su que tout était vrai. On pourrait dire, pour simplifier, que c’est l’histoire de Lulu. Lulu, caporal-chef résistant, souriant, fiable, n’est pas à la garnison ce matin-là. Il a disparu. Certes sa femme Aurélie a l’habitude, comme toute femme de militaire de ses absences. Mais là, c’est différent, elle le sait. Quatre soldats, ses frères d’armes comme ils se nomment, partent à sa recherche. Entre ici, là-bas et ailleurs, l’auteur raconte cette poursuite, cette enquête parfaitement menée, un peu à la manière d’un thriller.

La peur, l’absence, le manque…

Il nous dit tout des moments passés en campagne, de la peur, de l’absence, du manque. Il nous dit tout de l’amitié, de la difficulté à revenir, de la solitude de ceux qui restent. Il raconte les hommes au combat mais aussi les femmes à la maison, les enfants et les retours difficiles. L’écriture est belle, visuelle, musicale, qui donne à voir les paysages, qui décrit les personnages par le menu, qui laisse entendre le bruit des armes, qui insère au milieu de l’horreur des moments délicats. C’est un roman qui demande des temps de repos, des respirations tant il est profond, émouvant, prenant. La mort rôde et « ceux qui restent » retiennent leur souffle, toujours dans l’attente d’une mauvaise nouvelle. Mais il y a aussi « ceux qui restent » sur le terrain des opérations, ceux qui deviennent juste un corps abimé, meurtri, un corps, juste un corps qui repartira salué par ses camarades de combat qui devront tenter d’oublier.

Editeur : Héloïse d’Ormesson
Date de Parution : 18 Août 2022
Nombre de pages : 240

Un immense merci à la Fondation Orange/Lecteurs.com et aux Editions Héloïse d’Ormesson pour cette lecture bouleversante.

Et une mention particulière pour la couverture que je trouve superbe.