J’ai beaucoup aimé, en effet, ce récit entre larmes et rire, à l’humour dévastateur – ce fameux humour juif – toujours teinté d’une grande tendresse, et à l’écriture brillante. Ce Salomon, le narrateur, n’a pas son pareil pour raconter cette veille de Pessah, la Pâque juive. Il faut dire que cette année-là, elle a un goût particulier. C’est la première qu’il fêtera sans sa femme Sarah, sa femme adorée, l’amour de sa vie, morte il y a quelques mois. Il parle, il raconte, passe du passé au présent avant de mieux y revenir.
Joachim Schnerf a bien du talent qui réussit à la fois à nous faire rire et pleurer et, en nous racontant une histoire intime, à nous dire l’Histoire, à nous rappeler aussi, en tous les cas à me rappeler, une ambiance de dîner de famille somme toute universelle. « Nous savions pourtant que les soirées de fête au côté de sa sœur gommeraient pour quelques heures la félicité de ses traits, un cri suffisant à abîmer la courbe de ses lèvres heureuses. » – Il est question de Denise, fille de Salomon et Sarah et sœur de Michelle qui ne la ménage guère – « Toute la Knesset était représentée dans la salle à manger : de la gauche à la droite, chaque nuance siégeait autour du plat du Seder. », quand je vous parlais d’universalité…
Mais il y a plus, j’ai aimé la description très détaillée des rites autour des fêtes religieuses juives, j’ai été touchée par la pudeur quand il s’agit d’évoquer la Shoah ou plutôt de la taire. J’ai été émue par l’amour inconditionnel de Salomon qui s’imagine bien lâcher prise et rejoindre sa femme disparue. J’ai été amusée par la personnalité de Tania, fille de Michelle et Patrick, en constante opposition et prête à s’éloigner de ses racines pour faire valoir ses propres opinions.
Oui, décidément, « Cette nuit » est un roman de grande valeur, un roman riche, poignant, sensible.
Editeur : Zulma
Date de Parution : 4 Janvier 2018
Nombre de pages : 160