Il en va de même de l’écriture. La plus belle, la plus puissante, la plus sémillante s’efface au profit de l’histoire. Elle sert le récit en douce, discrètement, modestement. Et c’est le cas pour « Les braises », le roman de Sàndor Màrai.

Sa prose, pudique, légère, juste, mesurée, élégante, équilibrée, illumine l’intrigue sans la surcharger.

L’atmosphère est pourtant lourde dans ce huis clos entre Henri et Conrad, deux vieux amis. Les deux hommes, très âgés désormais, se retrouvent dans le château d’Henri après quarante-et-un ans de séparation et beaucoup d’interrogations. Unité de lieu (la salle à manger du château), de temps (vingt-quatre heures, malgré de perpétuels retours dans le passé) et d’action : c’est à une véritable tragédie que nous assistons.

Cette tragédie nous est racontée sous la forme d’une conversation qui narre la vie des deux hommes et d’une femme, Christine, l’épouse d’Henri, Général. Mais elle nous parle aussi d’une nation moribonde et surtout, surtout, d’amitié et de trahison. Amitié, passion, feu, braises, cendres…l’auteur s’y entend pour analyser finement les sentiments humains. Il peint les tourments de l’âme au lavis, les lieux et les ambiances à la gouache et le tableau est magnifique.

La découverte tardive de ce grand écrivain, grâce à un ami lecteur vivant en Hongrie,  est une véritable révélation.

Editeur : Albin Michel
Date de parution : Janvier 2000
Nombre de pages : 189