Avis : coup de Foudre
« Boys »… malgré la superbe épigraphe, souvenir de ma jeunesse… Boys don’t cry du fameux groupe The Cure, je l’ai refermé la gorge serrée, les larmes au bord des cils. J’ai une excuse, je suis une femme. Le premier ouvrage de Pierre Théobald est pour moi une découverte magistrale.
« … j’ai pigé de quoi il retournait : c’était donc ça le coup de foudre, toute cette histoire à peine crédible de grand choc saturé d’électricité qui vous cloue sur place sans plus pouvoir remuer. »
Oui, c’est bien ça ! comme Karim devant « la fille », je reste coite, devant le livre refermé. Que vais-je pouvoir en dire ? Quels mots seront suffisamment forts ? Suffisamment forts pour décrire la bousculade d’émotions face à ces dix-sept vies toutes chamboulées, cassées, malmenées, la tristesse, le chagrin, le désarroi d’hommes à la croisée de leur chemin. Oui, ils sont dix-sept, jeunes ou moins jeunes, qui nous racontent leur vie, leurs amours, leurs désamours surtout. Tristesse que tu es belle !
A coup de nouvelles courtes ou plus longues, avec Samuel en fil rouge que nous suivons, lui, de bout en bout, c’est une étude de la vie à laquelle nous confronte l’auteur. Et, comme nous le disait David Thomas aux Escales de Binic à propos d’un de ses recueils de micro fictions, si les personnages sont multiples, s’il s’agit d’une somme de nouvelles, on peut le lire comme un roman. On y retrouve le parcours amoureux du célibat à la rupture en passant par le désir, la rencontre, l’amour du début, l’arrivée des enfants, les crises, les doutes, la séparation.
Si l’on excepte quelques touches d’espoir, quelques rayons de soleil, l’ensemble m’a paru noir. Il m’a sans doute touchée plus que de raison mais je sais que la lecture est le reflet de soi. Et si cette lecture me fut douloureuse, elle me fut tout aussi sublime. L’écriture est toute en maîtrise : petites phrases, mots choisis, piquants ou au contraire d’une douceur infinie. Elle possède à la fois légèreté et profondeur, elle mêle le quotidien banal :
« Dans la cuisine j’ai allumé la lumière et je me suis préparé un café – un instantané, sans quoi le gargouillis de la cafetière m’aurait trahi. »
à des réflexions plus universelles :
« S’écrire… c’est un rituel que l’on a instauré après notre séparation… Mais de nos jours qui rédige encore des lettres ? Hormis fourrager le cœur à la pointe du stylo, quelle utilité ? »
La construction est parfaite, qui réussit, au détour d’une nouvelle, à mettre en place des liens inattendus entre les différents acteurs.
Malgré ce que j’ai écrit plus haut, ce ne fut pas un coup de foudre. Ce fut bien plus fort, de ces histoires d’amour qui se construisent petit à petit et dont le souffle s’amplifie au gré des mots. Chaque page tournée ajoutait à cette sensation de plénitude, cette envie de continuer, ce bonheur d’aller plus loin.
« Boys », un magnifique ouvrage qui fait la part belle aux hommes, touchant, émouvant, captivant. En un mot : sublime.
Editeur : JC Lattes
Date de Parution : 3 Avril 2019
Nombre de pages : 224
Cet ouvrage a été lu dans le cadre de l’association « 68 Premières fois » Session Janvier 2019
Quelle chronique Geneviève. Je vais avoir du mal à résister longtemps… Merci.
Si tu veux, je pourrai te le passer, il m’appartient. Mais pour l’instant, il voyage parmi les « 68 ».