Algérie : Années 1990

Le fond : l’histoire se déroule en Algérie durant les années 1990, années funestes pour le pays, s’il en est. C’est en effet en 1992 que commence le conflit, véritable guerre civile, qui durera dix ans. Il est dû à l’interruption du processus électoral à l’issue du premier tour des premières élections législatives libres. Le gouvernement craint en effet de perdre le pouvoir au profit du Front Islamique du Salut (F.I.S.). Le personnage principal est une jeune fille, Selma, passionnée d’équitation et en adoration devant un cheval pourtant difficile, Sheïtane. Comme toutes les familles, la sienne est rongée par les souffrances liées à la situation. Certains membres sont opposés aux islamistes, pendant que les autres les soutiennent. C’est ainsi que la petite histoire rejoint la grande. Et c’est dans ce contexte que cette jeune fille va apprendre à grandir dans une famille qui se déchire. Entre son père, Brahim, plutôt attaché au gouvernement, et son oncle Hisham, avocat, qui, lui, se tourne vers le F.I.S, les liens se distendent.

Belle écriture, belle construction.

La forme : le roman est servi par une belle écriture, précise, élégante. Il bénéficie aussi du recul pris par l’auteure pour nous parler de ces jours de deuil. Jamais aucun jugement n’est proféré « Pour qui se prenait-elle avec son monde en noir et blanc, ses phrases tranchantes ?… Rejeter le mal chez les autres était trop facile. Il n’était que le revers de nos indifférences, de nos égoïsmes, de nos lâchetés. » Elle constate, relate, décrit. La construction y est aussi pour beaucoup dans la valeur de ce roman qui, au milieu de la noirceur, nous offre des moments de grâce aux côtés de Selma et de son cheval.

« Bientôt les vivants » est un magnifique roman qui nous remet en mémoire des heures sombres de l’Algérie et fait réfléchir…