Une impression de perfection…

Il m’est très difficile de trouver les mots en rapport avec cette impression de perfection ressentie tout au long de ces quelques feuilles. Un petit livre par son épaisseur mais tellement grand par ses nombreuses et immenses qualités. Aussitôt reçu, aussitôt ouvert – par curiosité –, aussitôt un œil jeté sur les premiers mots, les premières phrases, les premières pages jusqu’à la… dernière. Une fois commencée, il me fut, en effet, impossible d’en interrompre la lecture.

J’ai tout aimé…

• L’écriture sublime, qui n’empêche pas certaines expressions plus familières, mais parfaitement adaptées

« Maître Bakouche ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner comme l’ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. Vous pouvez vous brosser, je ne le dirai pas, je ne suis pas votre chien. »

L’utilisation d’expressions drôles qui cachent habilement des situations plutôt dramatiques

« On a quand même gagné la démocratie ? La belle affaire ! Avant, on avait la peste, maintenant on a le choix entre la peste et le choléra. Avant, on avait les quarante voleurs, maintenant on en a quarante mille. »

• L’économie de mots qui donne à chacun sa juste importance.

• Le récit à hauteur d’un adolescent de quinze ans, un adolescent qui ne supporte pas les injustices.

• Son histoire d’amour avec Bella, un amour qui le poussera au pire.

• Le parti pris du monologue, fait de questions et de réponses. Les personnages sont là, mais on ne les entend pas. Leurs pensées, leurs avis sont juste restitués par ce garçon qui demande, rapporte, explique, donne son propre sentiment.

• L’analyse, fine, argumentée, détaillée de la société tunisienne.

Alors, oui, je sais,  je ne vous ai rien dit de l’histoire. Je vous laisse la découvrir, bercés par la musique du texte, et avancer à petits pas dans l’âme du personnage principal.

Vous l’avez compris, j’ai été subjuguée par ce roman qui démontre s’il en était besoin qu’en très peu de mots on peut écrire des merveilles. Et « Bel abîme » est en ce sens un récit, certes triste et bouleversant mais merveilleux. et je ne peux que reprendre les derniers propos de l’auteur :

« Dans ce monde de façades, ce qu’il y a de plus précieux est ce qui coûte le moins. Un livre, une étreinte, et l’amour, l’amour, ne serait-ce que celui d’un chien. »

Editeur : Elyzad
Date de Parution : 2 Septembre 2021
Nombre de pages : 112

Je remercie très chaleureusement Lecteurs.com, la Fondation Orange et les Editions Elyzad pour cette lecture. 

Ce Roman a obtenu le Prix Orange du Livre en Afrique 2022