Anka est fille de la mer, ou plutôt de l’océan sur lequel navigue son père, marin-pêcheur, à bord du magnifique « Baïkonour » et qui un jour périt en mer. Elle a toujours rêvé de prendre le large et pourtant, elle doit se contenter de « … brusher des mèches que l’on dirait poisseuses tant elles sont harassées et misérables. D’asperger de laque un chignon crêpé qui n’a de volumineux que la pauvre illusion qu’il procure encore à peine. » Elle est coiffeuse chez Line. Marcus, quant à lui, passe ses journées à cinquante mètres au-dessus du sol et vit sa vie en plongée. De là-haut il a une vue dégagée sur les fourmis qui courent en contrebas et surtout « …les traits d’un visage qu’il découvre, ses expressions à peine émergées, à fleur de derme et tout en retenue. Il a le sentiment qu’elle glisse sur le pavé comme le gerris sur la surface de l’eau… ». Ces deux-là vivent sous le même ciel, au bord de la même mer. Mais, sont-ils faits pour se rencontrer ?
C’est un roman où se côtoient l’amour, la mer, le ciel, mais aussi le deuil et de la difficulté à le vivre, sans oublier le désir de liberté. C’est aussi la prise de conscience que mer et ciel se confondent et que la mort, finalement y est identique. « Au fond que l’on soit dans les airs ou sous la mer, l’arrangement d’un corps est le même, le tronc déployé, les bras répandus de part et d’autre, la tête renversée. » Et c’est encore une jolie mise en lumière du métier de grutier.
Si j’ai beaucoup aimé ce récit, ce n’est pas seulement pour le décor. Même si ma Bretagne adorée a le beau rôle, même si elle est partout, enjolivée, même si le golfe de Gascogne est pour Marcus ce « …voyou foutraque et misanthrope… » il y a aussi l’écriture. La précision des mots le dispute à la fluidité, la simplicité à la musicalité, la poésie au chant du vent.
« Baïkonour », c’est un beau roman, c’est une belle histoire.
Editeur : L’Observatoire
Date de Parution : 21 Août 2019
Nombre de Pages : 224
Ce livre a été lu dans le cadre de la sélection de l’association « Les 68 Premières Fois » – Rentrée littéraire 2019.
C’est un bon « réveil-matin »que ces lectures étalées au grand jour! Continuez…
Merci ! Votre message me va droit au coeur, car j’ai souvent l’envie d’arrêter me posant la question, justement, de son utilité.