Avis : ★★★★★
Pour avoir lu – et beaucoup aimé – « Comment Baptiste est mort », j’ai choisi le nouveau roman d’Alain Blottière, « Azur noir » dans le cadre de la dernière Masse Critique initiée par le site Babelio. Je les remercie infiniment d’avoir accédé à ma demande, ainsi que les Editions Gallimard. Cette lecture – plus encore que la précédente – fut magique et à plus d’un titre.
Cet ouvrage raconte l’histoire de Léo, dix-sept ans. Il a refusé de suivre sa mère en Laponie et passe ses vacances seul à Montmartre, dans leur appartement de la rue Nicolet. Ce même lieu abrita autrefois les amours de Verlaine et Rimbaud. L’été est caniculaire et :
« La nuit s’illuminait d’éclairs sans pluie ni tonnerre, comme si toutes les catastrophes se consumaient d’un coup dans des éruptions de gaz étouffées par leur propre souffle. »
« Des voiles légers tombaient en tournoyant du ciel ensoleillé… Soudain, après la petite cour, le vieil immeuble blanc de l’autre côté de la rue en pente s’effaçait derrière un nuage d’encre noire… Léo devait se rendre à l’évidence : il devenait aveugle ».
Certes, régulièrement, des nuages noirs s’amoncellent et empêchent Léo de voir sa vie. Mais, ils lui permettent de suivre celle de Verlaine et Rimbaud. Il les voit parfaitement déambuler dans les rues de la capitale, les entend parler, les regarde siroter leur absinthe. Léo, Rimbaud, c’est à un ballet, un véritable pas de deux, auquel nous convie l’auteur, un voyage dans le temps. Léo est Rimbaud, se met à écrire frénétiquement, envoie ses vers pour avis, rencontre l’amour d’une femme, puis de son professeur, Benatti « …une belle gueule avec ses longs cheveux noirs et sa barbe de trois jours savamment rasée, … »
L’écriture d’Alain Blottière est chatoyante, hallucinante, subtilement parsemée de morceaux de poèmes. Elle est peinte aux couleurs rimbaldiennes… « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu ». Elle est travaillée, ciselée, poétique, enchanteresse. Elle traduit à merveille l’emballement de Léo, son voyage à travers les années, sa tendance à toujours basculer dans un autre monde.
J’ai beaucoup aimé la manière audacieuse qu’utilise l’auteur pour nous faire revivre ces poètes maudits et la réincarnation de ce petit diable de Rimbaud. Verlaine, Rimbaud, une biographie, mais tellement différente, tellement renouvelée, tellement envoûtante .
« Azur Noir » : un roman aussi magnétique que le regard du poète, aussi fantastique que les yeux de Léo. Noir, bleu, Azur noir…
Editeur : Gallimard
Date de Parution : 9 Janvier 2020
Nombre de pages : 160
Merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour cette superbe lecture poétique.