Emouvant, bouleversant…

Une fois commencé, je suis allée au bout de cet ouvrage d’une traite tant il m’a complètement emportée. Un histoire émouvante, bouleversante, bien écrite et parfaitement construite : j’ai beaucoup aimé. Cette histoire c’est essentiellement celle d’Elias, marqué par une enfance hors du commun. Sa maman est décédée quand il était encore jeune et il a été élevé par son père, un être pour le moins bizarre, sorte de magnétiseur, un brin medium :

« Certains disaient que mon père était un mage, qui avait accès à des choses que personne ne percevait. D’autres pensaient qu’il était fou. Moi, je ne m’étais pas encore fait une idée très nette, j’attendais de voir. »

Comment, à l’âge adulte se défaire d’une vie aussi étonnante ? Avril, la jeune femme qu’il rencontre, dont il tombe amoureux, a du mal à comprendre ce garçon à la fois secret et craintif.

Trois voix, trois parties, trois styles…

Ce roman à trois voix, trois parties, trois styles, est très beau. Lorsqu’Elias raconte son histoire les mots sont ceux d’un enfant, l’écriture est assortie, simple, directe et donne toute l’importance à la description :

« Mon père m’imposait un certain nombre d’exercices…Celui qui me déplaisait le plus était « l’exercice de grand froid ». Il consistait à s’immerger dans le lac de Cevestin. C’était l’hiver… »

Passant subrepticement du présent – sa vie aux côtés d’Avril – au passé de son enfance, Elias tente d’expliquer, de comprendre, mais ne parvient pas toujours à mettre des mots sur ses ressentis. Alors, forcément, comment Avril pourrait-elle y réussir davantage ? Elle nous raconte sa vie à elle, couche ses impressions dans un journal, à sa manière. L’écriture se fait alors sautillante, légère, spontanée. Le style, parfois télégraphique, permet de reprendre son souffle. C’est ça, la deuxième partie est un sas de respiration. Elle a permis à mon cœur de ralentir, à mon corps tendu par les propos d’Elias de se reposer. Et c’était nécessaire, surtout avant la troisième partie que j’appellerai la confession. Une confession d’une grande sincérité qui prend aux tripes et serre la gorge. Le père d’Elias se confesse à Avril, il n’y a pas d’autre mot, dans un long monologue de onze pages. Il explique tout, le pourquoi du chevreuil, totem d’Elias, le grand accident qui l’a fait fuir et tout le reste.

« Autoportrait en chevreuil », un roman d’une grande force, touchant au-delà du dicible pour la mère que je suis.  Quel mal pouvons-nous faire à nos enfants sans le vouloir, sans le savoir ?

Editeur : Finitude
Date de Parution : 20 août 2020
Nombre de pages : 170

Ce roman a été lu dans le cadre des « Explorateurs de la rentrée 2020 ». A cet effet, je remercie chaleureusement le site Lecteurs.com à l’origine de cette manifestation littéraire ainsi que les Editions Finitude et Violaine Bélouard, co-Explo 2020, pour le prêt.