Se balader d’une histoire à l’autre…
J’aime les nouvelles, sans doute parce que, pour moi qui ne suis guère ordonnée, qui aime vagabonder, grappiller, elles sont synonymes de sentiers non balisés, de détours, de sauts par-dessus les pages. C’est ainsi que j’ai laissé pour la fin la plus longue d’entre elles, la première : « Aurélie ». Et j’ai déambulé de l’une à l’autre, j’ai visité toutes celles qui n’avaient pas de nom. Et quelle belle balade entre ces femmes que l’auteur dépeint avec tant de talent. Son écriture est élégante, elle est simple comme peut l’être la beauté, sans fard ni artifice. Il y a de l’absurde dans ces histoires, de l’humour et de la tristesse. Il y a cette femme qui réclame une feuille de recensement à remplir pour son fils emprisonné, celle qui suit avec difficulté son amoureux dans un parc floral, et qui voudrait pouvoir lui dire qu’elle en a assez. Il y a celle qui mange du homard, seule à sa table parce que…dit-elle
« Je veux t’écrire encore. Appuyer sur la touche « envoi » et que ça parte vers toi dans l’espace…Alors je tape, l’écran tourné vers l’au-delà… »
et aussi celle qui parle avec sa mère des personnages de son feuilleton quotidien comme s’il s’agissait de membres de sa famille. Toutes ces femmes aimeraient être autres, se libérer de quelque chose, s’émanciper.
Et revenir au début…
Et puis il y a Aurélie, la première nouvelle, dernière lue. Après tout, j’aurais peut-être dû, tout de même, commencer par elle. Elle est le fondement de tout, le modèle exclusif de ces femmes sans nom mais poussées par le même désir de vivre par soi-même.
« Veuve ! Ça veut dire être de nouveau dans les rails, ça, non ? Récupérer un statut honorable, redevenir une honnête femme ! La liberté en plus ! … La vie commence enfin ! Aurélie ne dépend plus de personne, en éprouve une sorte de vertige, ne pense qu’à ça. »
Voilà ! C’est leur souhait à toutes : l’émancipation.
Editeur : Thierry Marchaisse
Date de Parution : 15 Septembre 2022
Nombre de pages : 125