Ecriture maîtrisée, rythme percutant…

Il est impressionnant de constater que cet ouvrage est un premier, tant l’écriture est maîtrisée, d’une force hors du commun, au rythme percutant. J’ai eu l’impression de voir les mots sortir de la bouche de l’auteur, de les entendre, véritable poésie slamée.

« Aller deux. Côte à côte. Même allure. Même mouvement…Relâche pour accélérer. Ville dans l’obscurité. Rachid dans mes foulées. »

Des mots posés là, dits, redits, au rythme de la course. Car il court, Victor, dix-sept ans, il court pour fuir, fuir un père violent, fuir sa vie, se fuir. Il ne s’arrête pas lorsqu’il rencontre Rachid, skateur prêt à toutes les audaces, tous les dangers. Victor le suit, sans souffler, sans s’arrêter. Car courir pour Victor, c’est vivre, survivre, au risque d’en mourir.

Un père, une mère, une dame en noir…

Au rythme de cette course éperdue, le passé du jeune garçon remonte à la surface et se cogne au présent. Les personnages de sa vie apparaissent, sa mère tant aimée mais fragile et partie rejoindre un autre monde, le père qu’il fuit désespérément, et cette dame en noir…il a onze ans, il ne va pas bien et

« Il y a quand même un moment où j’ai pensé que, grâce à elle, je pourrais m’en sortir. »

Et c’est ainsi que l’auteur passe d’un rythme rapide, saccadé, verbes au présent, actions rapides, à quelque chose de plus posé, de plus narratif avec des phrases plus longues, lentes, réfléchies.

Dans ce récit, pas de pathos, ni de psychologie à deux balles, juste une puissance indicible. Un livre qui remue, bouleverse jusqu’à une fin parfaitement réussie.

Un magnifique  premier roman.

Editeur : Noir sur Blanc
Date de Parution : 6 Janvier 2022
Nombre de pages : 144

Roman éligible pour le Prix Orange du Livre 2022, lu en qualité de membre du jury.